Seconde - Chapitre 1 - Comment travaillent les économistes, sociologues et politistes ? - Partie 3
C. Elaborer des modèles
Les scientifiques ont pour objet de mesurer, de comprendre mais aussi de prévoir les comportements et les conséquences des évènements. Pour faciliter ce travail, ils élaborent des « modèles », c’est-à-dire des approches simplifiées de la réalité qui leur permettent de relier deux ou plusieurs variables en faisant abstraction des autres. C’est ce qu’utilisent les météorologues pour prévoir le temps qu’il fera demain ou dans un mois en fonction des informations dont ils disposent aujourd’hui.
1. Qu’est-ce qu’un modèle ?
On l’a vu, la réalité sociale est complexe. De multiples phénomènes sont en lien avec les autres. Un modèle c’est donc d’abord une représentation simplifiée de la réalité.
Cette vidéo modélise par exemple la circulation des richesses dans l’économie.
https://www.youtube.com/watch?v=06DnEsZJt9M
On y retient 3 opérations principales : dépenses, production, répartition. Ces 3 opérations sont reliées les unes aux autres et le modèle permet de comprendre les interdépendances entre les acteurs économiques et la circulation des richesses.
Dans la période de crise que nous connaissons, on comprend mieux pourquoi les gouvernements s’attachent à distribuer des revenus et à encourager la consommation : ce sont les dépenses des consommateurs qui vont faire repartir la production et la distribution des revenus.
Mais le modèle est évidemment simplifié (ici personne n’épargne ses revenus ou n’achète un objet produit à l’étranger) mais sa simplicité fait justement son intérêt.
On peut aussi imaginer des modèles en sociologie ou en sciences politiques.
Mark Granovetter, sociologue américain a constaté dans une enquête réalisée auprès de cadres qui venaient de changer d’emploi qu’une bonne partie d’entre eux n’avaient pas eu à chercher l’emploi qu’ils occupaient. C’est l’offre d'emploi qui était arrivée jusqu’à eux. Plus troublant encore cette information ne leur était pas parvenue par quelqu’un de proche mais plutôt par une vague connaissance. Il en tire la conclusion qu’en matière de recherche d’emploi, on peut davantage compter sur des personnes éloignées que sur des proches, ce qui est paradoxal.
Pour comprendre cela, il faut bien avoir à l’esprit qu’une partie des offres d’emploi ne sont pas publiées et que l’information sur la création ou la vacance d’un poste va circuler dans les réseaux des individus. Pour être recruté, il faudra avant tout avoir eu connaissance de ce poste !
Sur ce schéma, on peut comprendre pourquoi des connaissances, des amis d’amis (ce qu’on appelle des liens faibles) sont plus utiles que des proches, des amis (nos liens forts) :
Nos liens forts, sont déjà en lien les uns avec les autres et les informations qui circulent sont donc souvent connues par tous, y compris par nous-même (Clique 1). Nos liens faibles nous donnent accès à d’autres informations qui circulent dans d’autres réseaux (Clique 2) et sont donc efficaces pour avoir accès à de nouvelles opportunités.
On le comprend les modèles, mêmes s’ils simplifient la réalité sont tout de même basés sur des données. Ce sont elles qui permettent d’établir des constatations ou de nourrir le modèle. Une bonne partie des modèles scientifiques sont des modèles mathématiques et les sciences sociales n’y font pas exception.
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Un exemple de modèle économique : la fixation des prix sur le marché
Pour bien faire et traiter pleinement cette question du programme, il aurait fallu pouvoir tracer quelques courbes mais nous allons tout de même évoquer les éléments essentiels du modèle du marché.
Mais un marché, quest-ce que c'est ?
Un marché, ça existe dans la réalité. On peut aller sur un marché alimentaire acheter des fruits et légumes (au bazar de Port-Louis par exemple). Mais il existe aussi d’autres marchés qui ne correspondent pas forcément à des lieux physique : le marché de l’immobilier d’une ville, le marché du pétrole, le marché du travail, etc…
Un marché c’est un lieu, réel ou virtuel, où se rencontrent des offreurs (des vendeurs) et des acheteurs (des demandeurs) pour échanger quelque chose contre un prix.
Mais le modèle du marché permet de comprendre comment se déroulent ces échanges et comment se fixent et varient les prix.
Une hypothèse centrale du modèle du marché, c’est que les demandeurs et les offreurs sont rationnels et que chacun fait donc des choix facilement explicables.
Les demandeurs, ceux qui consomment, ont un budget limité et cherchent à obtenir une satisfaction en échange de leur argent. Ainsi, plus le prix d’un bien est élevé, moins ils vont en consommer. A l’inverse, plus le prix est faible, plus ils sont prêts à en acheter.
Du côté des offreurs, ceux qui vendent, c’est l’inverse. Pour un prix faible (et donc un bénéfice faible), on trouvera peu de vendeurs prêts à produire. A l’inverse, pour un prix élevé, on trouvera de nombreux entrepreneurs prêts à venir vendre un produit.
Ce qui détermine la quantité finalement échangée entre les offreurs et les demandeurs, c’est la rencontre de l’offre et de la demande, leur niveau respectif qui peut varier au gré de la mode, de la saison, de la publicité ou d'évènements plus ou moins imprévus.
C’est un peu ce qu’on constate dans cette vidéo amusante de 3 min, extraite d’un film des frères Cohen (the Hudsucker Proxy) !
https://www.youtube.com/watch?v=Ng3XHPdexNM
Ce qui détermine le prix hulla houp, c’est bien le niveau de l’offre et de la demande. Au début de la vidéo, il y a une offre importante pour une demande inexistante. Le prix baisse progressivement jusqu’à être inexistant lui-même. Suite à l’intérêt soudain que portent les enfants pour le hulla hoop, la demande explose, ce qui permet au vendeur d’augmenter ses prix à un niveau supérieur à celui qu’il espérait pratiquer au départ.
Il ne peut pas non-plus augmenter ses prix à l’infini car à un moment donné, les consommateurs vont se détourner du produit et certains d’entre eux n’auront plus les moyens. On peut imaginer aussi qu’une fois l’engouement des débuts passé, l’intérêt des acheteurs diminue. Le prix va sans doute baisser à nouveau. Mais s’il reste élevé, d’autres vendeurs vont venir proposer ce type de produit et la concurrence fera baisser les prix.
Le modèle du marché, c’est ce qui permet de comprendre cette adaptation perpétuelle de prix et des quantités échangées.
C’est ce qui est expliqué dans ce document et bien illustré dans la vidéo qui suit
https://www.youtube.com/watch?v=5Xa2p4QhpL0
Si l’offre est supérieure à la demande, il y a excédent ou surproduction : les prix baissent, la demande augmente (et l’offre va se réduire par la suite) et l’on revient à une situation où l’offre est égale à la demande (léquilibre du marché).
Si l’offre est inférieure à la demande, il y a pénurie : les prix augmentent, la demande baisse (et on va voir arriver plus d’offreurs) et l’on revient à une situation où l’offre est égale à la demande (l'équilibre).
Le modèle du marché suppose que l’on revienne toujours à l’équilibre car le prix est un signal qui modifie les comportements des agents économiques.
Pour boucler la boucle, on peut donc revenir à notre fameuse taxe-soda qui nous intéressait dans la première leçon de ce chapitre. Alors, la taxe soda, c’est une bonne idée ?
D’un point de vue économique, on nous dit bien que la taxe est reportée sur le prix du produit par les offreurs, ce qui a pour effet de faire diminuer la demande (ou du moins d’en limiter l’augmentation). Moduler la taxe selon le taux de sucre pourrait également amener les producteurs à réduire la quantité de sucre pour éviter d’avoir à la payer, d’augmenter les prix et de subir une baisse de la demande et de leurs bénéfices.
C’est en tout cas ce que laisse penser le modèle et certains chiffres disponibles. Reste à vérifier ça en collectant des données… sachant que dans la réalité s’il fait très chaud cet été, il y a tout de même des chances pour que les consommateurs boivent plus de soda… le modèle a aussi ses limites. Dans la réalité, on ne peut pas neutraliser toutes les autres variables.
Voilà. Ce sera tout pour aujourd’hui. Si une courte synthèse de ce dernier chapitre vous intéresse, vous pouvez faire un tour à la P20 de votre manuel.
Application : à partir des 4 courtes vidéos du fichier joint, remplir le tableau et la synthèse à trou que nous corrigerons la semaine prochaine.
Seconde - Chapitre 1 - Comment travaillent les économistes, sociologues et politistes ?- Partie 2
Bonjour,
jusqu'ici, nous avons redéfini chacune des disciplines étudiées cette année et commencé à discuter des méthodes utilisées. Pour mesurer les phénomènes étudiés ou comparer, on utilise des données quantitatives, c’est-à-dire des chiffres. Nous allons prendre un temps pour voir ce qu’on peut en faire.
Mais nous verrons aussi qu’en matière de sciences sociales, c’est loin d’être suffisant. D’abord parce que certains phénomènes ne se réduisent pas à des chiffres, ensuite parce que l’objectif n’est pas que de mesurer mais également de comprendre. On utilise donc également des données qualitatives et on s’éloigne à l’occasion des méthodes de recueil statistiques, ce qui n’empêche pas de tenter de mettre sur pieds des expériences.
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Chercher des corrélations
Revenons d’abord sur ce qu’on peut faire des chiffres récoltés. Souvent, ils vont être utilisés pour démontrer une relation entre les variables et chercher des corrélations. Une corrélation, c’est une relation entre deux variables qu’on étudie quand par exemple elles évoluent dans le même sens (corrélation positive) ou alors dans un sens opposé (corrélation négative). On peut alors essayer d’établir un lien entre ces deux évolutions même si ce lien est indirect. On distingue en effet corrélation et causalité comme le rappelle le document suivant (Doc 4P11)
Sur ce document, on positionne différents pays en fonction de deux axes : le nombre d’enfants par femme en ordonnée et l’usage d’internet en % de la population en abscisses. Le code couleur permet de voir que les pays d’un continent se situent à peu près sur des espaces communs. Les pays d’Afrique en orange ont généralement un nombre d’enfants par femme élevé et un faible taux d’accès à internet. Les pays d’Asie sont un peu plus connectés et le nombre d’enfants par femme y est plus faible. On trouve en bas à droite les pays les plus connectés et où la natalité est la plus faible.
Le graphique semble donc faire apparaître une corrélation négative entre la natalité et l’usage d’internet. Mais quel est le sens de cette relation ? L’une des variables explique-t-elle l’autre ?
Est-ce que le nombre d’enfants par femme influence l’usage d’internet dans un pays ? sans doute pas…
Est-ce que l’usage d’internet influence la natalité dans le pays ? sans doute pas non-plus…
En fait, il y a corrélation, mais pas causalité !
C’est pourtant une erreur que l’on fait fréquemment dans les médias à partir de corrélations statistiques et que l’on nomme l’effet cigogne : en Alsace, charmante région du nord-est de la France on avait coutume de dire que les cigognes amenaient les nouveaux-nés, un peu comme sur cette image.
Ce qui expliquait cette affirmation/croyance, c’est que le pic annuel des naissances, le moment de l’année où l’on en constatait le plus, se produisait au moment où cet oiseau migrateur revenait s’installer dans la région après avoir passé l’hiver en Afrique du Nord. Il y avait bien corrélation entre le retour des cigognes et la masse des naissances. Mais évidemment pas de causalité. Si les naissances étaient nombreuses au printemps, c’est avant tout parce qu’on se mariait en été et qu’on ne tardait pas à consommer le mariage. Les enfants arrivaient 9 mois plus tard… au printemps, lorsque le climat redevenait favorable à nos cigognes.
Bien souvent, les deux indicateurs corrélés sont reliés à un troisième, tout cela est très bien expliqué dans cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=aOX0pIwBCvw
Pour le graphique qui nous concerne, le niveau de développement du pays est sans doute la variable qui détermine les deux autres.
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Des données qualitatives pour expliquer
Les données chiffrées sont utiles on l’a dit pour mesurer un phénomène comme par exemple celui de l’abstention qui intéresse les politistes : l’abstention, c’est le fait de ne pas aller voter. On peut alors comparer deux élections entre elles ou le taux d’abstention entre différentes catégories d’électeurs (selon le niveau de diplôme par ex). Mais si l’on veut savoir pourquoi les électeurs s’abstiennent, il faut leur donner la parole et réaliser des « entretiens ».
Ce sont leurs réponses qui permettront de mettre les chercheurs sur différentes pistes ou différents profils d’abstentionnistes. Et ils trouveront qu’il y a ceux que la politique n’intéresse pas, ceux qui ne se jugent pas compétents, ceux qui ne sont pas inscrits sur les bonnes listes électorales après un déménagement et enfin, ceux qui trouvent que les partis les représentent mal et rejettent le système des élections.
Bref, la complexité des choses va apparaître petit à petit à travers l’analyse du discours des enquêtés. Ici, il n’est pas nécessaire de viser une parfaite représentativité des personnes qu’on étudie. On cherche avant tout à dégager du sens.
Si les entretiens ne sont pas possibles, ou alors en parallèle, on peut mettre en place également un dispositif d’observation comme le mentionne le document suivant.
Dans le cadre de cette enquête, les sociologues se sont fait passer pour des visiteurs pour observer le public de l’enquête, majoritairement des sans-abris, et comprendre les raisons de leur présence et leurs usages du lieu. Les entretiens, pas toujours faciles à faire accepter, ont permis d’expliquer leur présence, assez inhabituelle dans un grand musée parisien.
En sociologie ou en sciences politiques, on réalise des enquêtes de terrain pour récolter ce matériau qualitatif et comprendre les phénomènes sociaux.
L’exemple de la « rumeur d’Orléans » qui est présenté dans les deux extraits vidéo qui suivent illustre ce travail d’enquête de terrain et ses difficultés pour comprendre comment une rumeur complètement irrationnelle peut se développer dans une ville et sur quoi elle peut reposer.
L’affaire est résumée ici (4min) :
L’enquête de terrain est en partie racontée là (3min) :
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Et les expériences ?
Dans les sciences de la nature, un moyen intéressant de chercher des propriétés, de démontrer des relations ou de tester des hypothèses, c’est évidemment de mener des expériences en laboratoire. Dans les « laboratoires » de sciences sociales, on ne trouve ni paillasse, ni blouse blanche. Ce sont plutôt des organismes de recherche qui réunissent des chercheurs travaillant sur des thèmes communs au sein d’une université.
Mais fait-on des expériences ?
C’est évidemment compliqué, mais c’est possible. En sciences sociales, on peut chercher à déceler des comportements mais cela implique souvent de créer des situations artificielles, voire de cacher aux « sujets » le but de l’expérience afin qu’ils ne modifient pas leurs comportements.
Voici une vidéo qui porte sur l’expérience de Asch (sur le conformisme).
https://www.dailymotion.com/video/x2dwdc4
Comme dans les sciences expérimentales, on met sur pied un protocole strict qui permet de comparer différentes situations et le poids relatif des différentes variables.
En économie, le recours aux expériences est plus rare et plus récent. Mais on peut partir de situations réelles, fortuites et en faire le même usage. C’est le cas de l’expérience de la crèche de Haifa que vous relate le texte suivant.
L'expérience de la crèche de Haïfa en Israël
Tiré du bestseller Freakonomics (2005) coécrit par Steven Levitt et Stephen J. Dubner, l’expérience économique connue sous le nom de « la crèche de Haïfa » montre que la contrainte la plus efficace n’est pas forcément pécuniaire.
Dans la crèche israélienne en question, le personnel se plaint de ce que certains parents se présentent en retard le soir. La première réaction du maire est de publier un court texte, une invocation morale appelant les parents à respecter leur engagement de ponctualité. Par conséquent, les retards diminuent ; mais certains parents, toujours les mêmes, ne modifient aucunement leur comportement, ce qui irrite considérablement les employés de la crèche. Le maire décide alors de passer à une mesure plus sévère : il veut « taper au porte-monnaie » en instituant un système de pénalité en fonction de la durée du retard. Résultat ? Les retards deviennent plus nombreux et plus longs, les parents préférant s’acquitter de l’amende et venir vers 20h. Ainsi, la mesure prise par le maire produit l’effet contraire de celui escompté.
Comment expliquer cette conséquence contre-intuitive ? L’institution d’un barème d’amende a transformé la valeur morale de l’absence de ponctualité – par exemple concrétisée dans l’hostilité du personnel de la crèche, voire de la communauté des parents – en une valeur économique. Dès lors, les parents retardataires ont réévalué la nature profonde de leur comportement, estimant désormais payer pour un service supplémentaire. Selon la loi de l’offre et de la demande, la mesure est inefficace parce que le prix de l’amende est trop bas : il serait nécessaire de le relever jusqu’à annihiler la demande. Cependant, les parents ne comprendraient pas un niveau d’amende excessivement élevé, disproportionné par rapport au comportement reproché. La conclusion est que c’est la contrainte morale qui est en l’occurrence la plus efficace : la solution au problème réside dans la prise de conscience des parents. C’est pourquoi le maire a supprimé les pénalités, ramenant ainsi les retards à un niveau inférieur.
Romain Treffel, « L'expérience de la crèche de Haïfa en Israël », analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 03/02/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».
En bonus, vous pouvez aller visiter ce site http://www.tylervigen.com/spurious-correlations
qui établit (en anglais) des corrélations statistiques absurdes. Les chiffres sont vrais mais il n’y a évidemment aucun lien entre les phénomènes réellement mesurés.
Seconde - Chapitre 1 - Comment travaillent les économistes, sociologues et politistes ? - Partie 1
Chapitre 1 : Comment travaillent les économistes, les sociologues et les politistes ?
I. Trois sciences, trois questionnements, une ambition : celle de comprendre et d’expliquer le monde social
Commençons par revenir sur les questionnements propres à ces disciplines et sur le regard particulier qu’elles peuvent porter même sur des objets communs.
A. L’économie : la science de la bonne utilisation des ressources
Doc 2 P8
Derrière l’économie, il y a toujours la question des ressources. Quoi produire ? Comment ? Pour qui ? Mais aussi en quelle quantité ou à quel prix ?
Cela suppose qu’on se questionne sur un grand nombre de choses : les investissements, la consommation, le progrès technique, les revenus, etc...
Il faut également mettre au point des catégories, des outils, des indicateurs pour décrire, mesurer en comparer : le PIB et la croissance, les bénéfices et les profits, les secteurs d’activité, etc…
Pour prendre un exemple très actuel, l’économie nous permet d’analyser l’impact de la crise actuelle et d’élaborer les réponses appropriées dans la limite des moyens existants.
Mais les économistes tentent également d’apporter des éclairages sur des questions très quotidiennes et qui peuvent permettre au pouvoir publics de prendre les bonnes décisions.
Par exemple, faut-il taxer (plus) le soda ?
https://www.youtube.com/watch?v=bGjX2z6Cvlk
On comprend que la question est une question de santé publique mais que celle de l’efficacité de la mesure est une question économique : il faut trouver les bonnes incitations qui modifient les décisions des consommateurs.
Ici, on prévoit que la taxe que paye le producteur l'amène à augmenter le prix des produits et que les consommateurs diminuent leurs achats de soda.
B. La sociologie, la science qui étudie les comportements sociaux
La sociologie est plus difficile à définir puisqu’elle s’intéresse… à peu près à tout.
Doc 3 P9
La sociologie s’intéresse presqu’à tous les sujets à partir du moment où on s’intéresse aux comportements des hommes en société.
La fin du texte le suggère, si la sociologie permet avant tout de mieux nous comprendre nous-mêmes, elle peut aussi éclairer la décision publique.
En lien avec la période du confinement, les sociologues pourront s’intéresser à la manière dont les liens sociaux se sont maintenus, aux solidarités nouvelles qui se sont développées, à la place des personnes âgées ou des plus démunis dans cette période.
Et si on reprend notre questionnement sur la santé et l’alimentation et qu’on souhaite encourager les consommateurs à réduire leur consommation de soda, c’est la sociologie qui permettra d’adapter la communication et les mesures de prévention aux publics visés. On ne mange pas les mêmes choses en fonction de notre milieu social, ce qui apparaît sur le document suivant.
En effet, nos modes de consommation dépendent de nos revenus, du temps disponible, de notre façon de considérer l'alimentation (pour le plaisir, pour "se remplir", pour rechercer des saveurs, pour rester en forme...), autant d'élements qui peuvent être liés à la profession, au niveau d'étude, au sexe, à l'âge... bref, à nos caractéristiques sociales.
On ne sera pas non-plus sensibles aux mêmes discours de prévention en fonction de notre milieu social, de notre niveau d’étude ou de notre sexe.
C. La science politique
La science politique, elle, fait du pouvoir politique son objet d’étude. Si les politistes ont un objet d’étude identifié, les questionnements sont potentiellement illimités. Ils analysent le fonctionnement du monde politique, ses institutions, ses acteurs, les règles que l’on peut adopter et leur impact sur la vie politique, pour ceux que nous allons étudier cette année.
Mais on peut également dire beaucoup de choses des symboles et de la communication politique comme l’illustre très bien cette vidéo sur les portraits des Présidents Français :
https://www.youtube.com/watch?v=x0ki-XTSzzM
Mais on peut aussi bien s’intéresser au comportement des électeurs ou aux modes d’engagement politiques pour ne citer que les chapitres sur lesquels on s’interroge en première et en terminale dans le cadre de la spécialité SES.
En matière de confinement, les politistes s’interrogeront sur les privations de liberté que la pandémie de Covid a entraînées, sur leur durée, sur la manière dont les exécutifs ont pris les décisions parfois sans passer par les assemblées, etc. bref sur la manière exceptionnelle dont les institutions politiques ont affronté une situation... exceptionnelle.
Et si on reprend notre sujet, plus léger, de la taxe soda, on pourra analyser les hésitations des pouvoirs publics à en augmenter le montant comme la difficulté à concilier des intérêts divergents : toute augmentation de taxe fait des déçus parmi les consommateurs qui sont aussi des électeurs, les producteurs de soda font pression aussi pour que la production ne diminue pas et feront valoir l’impact en termes d’emplois, etc…
Au final, nos trois sciences sociales ont toutes des choses à dire sur le confinement ou la consommation de soda même si elles portent dessus un regard différent. C’est la même chose du point de vue des méthodes.
II. Des méthodes de travail plus ou moins partagées
Ici, ce sont plus les méthodes qui vont nous intéresser. Comme dans n’importe quelle science, on travaille sur des données. Ces données peuvent provenir d’un travail d’enquête. Et elles peuvent servir à établir ou à alimenter des modèles.
A. Récolter des données
On peut distinguer deux types de données : des chiffres, des données quantitatives d’un côté et de l’autre, des données qualitatives. Pas qu’elles soient de meilleure qualité, c’est simplement qu’il s’agit de données, plus riches, plus complexes et qu’elles ne se laissent pas réduire à des chiffres, elles sont utiles pour comprendre.
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Des données quantitatives pour mesurer
Pour les économistes et pour les sociologues mais aussi pour les politistes, les données chiffrées sont un matériaux très intéressant. Les chiffres permettent de mesurer et de comparer dans le temps (différentes périodes) et dans l’espace (différents pays), d’un groupe à l’autre, etc. Ce sont souvent les statistiques qui permettent par exemple de révéler les inégalités en sociologie.
Parfois, ces données existent parce qu’elles sont collectées par une institution et il est alors facile de les récupérer: l'INSEE par exemple mais aussi des associations ou administrations.
Mais dans les autres cas, les chercheurs doivent collecter eux-mêmes ces données à travers des questionnaires ou des sondages. L’essentiel est alors de bien identifier qui on interroge, sachant qu’on ne peut pas interroger tout le monde : c’est trop coûteux.
Doc2 P10
Vous l’aurez compris, la plupart du temps, on interroge un échantillon de personnes qui doivent être représentatifs de la population qui nous intéresse (environ 1000 pour un sondage en France généralement). La même proportion de femme et d’hommes, d’ouvriers et de cadres, de jeunes et de moins jeunes, de diplômés, etc… En sociologie comme en en sciences politiques c’est un outil qu’on va utiliser.
Cela dit, il y a d’autres moyens de récolter des données, selon le thème sur lequel on travaille. C’est ce que montre bien la vidéo suivent dans lequel un doctorant en économie explique sa thèse qui vise à repérer les fraudes boursières à partir des messages échangés sur twitter. Je vous laisse lire les informations du document et lire la vidéo qui dure 3mn.
Doc1 P 10
https://www.youtube.com/watch?v=RknpW2QEO8E
Ici, c’est bien une masse d’informations qui est collectée et triée, mise en relation pour révéler des phénomènes économiques.
En bonus et si vous avez aimé la vidéo de ce doctorant qui présente sa thèse en 3 minutes, deux autres vidéos passionnantes de candidats de ce concours sur d’autres thèmes.
https://www.youtube.com/watch?v=kOTFnidHOXc
https://www.youtube.com/watch?v=LefD1DFmbvA
Bonne semaine !
Première - Chapitre 12 : Comment se construisent et évoluent les liens sociaux? - Partie 2
III. Quels sont les effets des nouvelles technologies sur le lien social ?
-Comprendre comment les nouvelles sociabilités numériques contribuent au lien social.
Voyons maintenant comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication (ordinateurs, internet, smartphones, applications d’échange et de partage…) ont impacté la sociabilité, c’est-à-dire les liens qu’entretiennent les individus entre eux et la forme de ces liens.
L’idée préconçue, c’est que le numérique viendrait nuire aux échanges, nous enfermer dans un face à face solitaire avec la technologie, nous couper de nos proches, etc…
C’est ce qu’on pourrait se dire face à une scène de ce type désormais classique.
Mais ce serait en rester aux apparences.
Faisons un premier constat : les nouvelles technologies numériques sont d’abord des moyens de mettre en contact des individus entre eux. Boîtes mail, sms, applications de type facebook, messenger ou whatsapp, instagram, etc… toutes servent à communiquer des messages, des informations, des images, bref, à être en contact ! Mais également à montrer, à dire ou alore à voir, à commenter, bref, à avoir une activté sociale.
Et les jeunes sur la photo plus haut sont sans doute en train de partager des choses entre eux, de communiquer avec des amis qui ne sont pas là et vont les rejoindre, etc… de trouver des informations pour organiser la suite de leurs activités (quel film passe au cinéma, à quel heure passe le prochain bus pour le centre-ville…).
Les technologies numériques sont donc un support à la sociabilité et pas forcément un frein. Mais quelles sociabilités ?
Des sociabilités classiques nous disent le texte. On a accès au monde entier mais pas vraiment d’intérêt à entrer en contact avec n’importe qui. Le numérique renforce donc les contacts que l’on a déjà IRL (in real life, comme on dit dans le monde des jeux vidéo). Ou en tout cas permet de substituer des contacts numériques aux contacts en face à face si l’on en croit le texte.
On aurait donc tort de penser que le numérique nuit au lien social même si les adultes, qui n’ont pas grandi avec ces technologies peuvent s’étonner de ce type de scènes.
Pointons d’ailleurs un paradoxe : les parents critiquent volontiers les usages que leurs enfants font du numérique mais sont généralement pressés de leur mettre un téléphone dans le sac à dos pour pouvoir les joindre et les contacter à tous moments !
Et d’ailleurs, les nouvelles technologies, ça n’est pas uniquement à l’usage des jeunes même s’il y a un effet d’âge et de génération plus ou moins important selon
Et d’ailleurs le numérique, ça ne concerne pas que les jeunes !
Parmi ces moyens d’échange, on distingue bien ceux qui concernent plus les plus âgés (email, téléphone parce que plus anciens et plus utilisés dans le monde du travail) et ceux qui concernent davantage les plus jeunes (réseaux sociaux et app de messagerie) parce que plus récents. Mais ces outils sont malgré tout bien diffusés dans la société.
Par contre, si l’usage du numérique devient une condition nécessaire pour être en contact avec les autres, se procurer l’information, effectuer des démarches, alors on peut s’inquiéter du fossé qui existe entre les plus jeunes et les plus âgés (moins équipés ou moins à l’aise) ou entre différentes catégories de la population, comme cela apparaît dans ce dernier document.
On constate en effet de fortes disparités dans la fréquence à laquelle les individus se connectent à internet en fonction de leur catégorie socio-professionnelle. Même si ces écarts se réduisent, il y a encore 20 points d’écart entre les cadres, qui sont les plus connectés quotidiennement, et les agriculteurs ou 30 points d’écart avec les ouvriers qui sont les moins connectés avec un peu plus de 60% d’individus se connectant tous les jours.
Il y a évidemment des déterminants professionnels à ces différences : les cadres et professions intellectuelles supérieures sont plus amenés à utiliser internet pour le travail et peuvent y développer une certaine aisance avec les outils informatiques. La question des revenus détermine également l’équipement de chaque catégorie socio-professionnelle. Mais si les agriculteurs comptent parmi les moins connectés, c’est aussi pour des raisons d’infrastructures : leur lieu de vie, à la campagne, les prive souvent de réseau téléphonique ou de connexion internet ( ou de réseau de qualité) ! C'est ce qu'on appelle les zones blanches.
IV. Les facteurs d’affaiblissement du lien social
-Comprendre comment différents facteurs (précarités, isolements, ségrégations, ruptures familiales) exposent les individus à l’affaiblissement ou à la rupture de liens sociaux.
On l’a vu au-dessus, l’intégration d’un individu à la société, sa capacité à établir et à entretenir des liens en plus de partager avec les autres des normes et valeurs, peut dépendre de la catégorie sociale à laquelle il appartient. Et elle peut aussi être fragilisée par certains facteurs.
Et dans nos sociétés hyper-connectées, on peut subir l’isolement.
http://www.francetvinfo.fr/france/video-un-francais-sur-cinq-se-sent-seul_356536.html
Au-delà des personnes âgées qui sont citées (perte des amis ou du conjoint, éloignement géographique des enfants, fin de la vie professionnelle, baisse de la mobilité, placement en institution, etc…) deux facteurs favorisant l’isolement sont cités : les ruptures familiales et le chômage.
On a décrit l’importance des solidarités familiales et intergénérationnelles et on comprend bien pourquoi les situations de rupture (divorce, conflits familiaux mais aussi éloignement géographique) peuvent priver les individus de la reconnaissance et de la protection qu’offrent ces liens privilégiés.
C’est la même chose pour le travail qui constitue, avec la famille, une des principales instances d’intégration.
En effet, dans des sociétés où domine la solidarité organique décrite par Durkheim, on est relié aux autres par des liens de complémentarité basés sur la fonction qu’on occupe. Le chômage, surtout s’il dure longtemps, prive donc un individu de cette forme d’utilité sociale (même s’il y en a d’autres : s’occuper ses enfants ou de ses parents, s’investir dans une association...) et de la reconnaissance qui va avec.
Les contacts professionnels disparaissent, tout comme l’existence d’un revenu stable, offrant sécurité et accès aux loisirs et à la société de consommation.
La précarité, c’est-à-dire la situation instable d’un individu qui l’empêche de se projeter dans l’avenir en raison du chômage ou d’emplois de courte durée, sont ainsi des facteurs de désaffiliation pour le sociologue Robert Castel.
Il s’agit d’un processus par lequel les liens qui relient les individus à la société se défont, se fragilisent. Les plus exposés sont ceux qui verraient disparaître à la fois les liens familiaux et les liens professionnels.
Sur la carte ci-dessous on est donc bien intégré si l’on est en haut à droite (++), on peut connaître des situations de fragilité si l’on se situe en bas à droite (+-) et en haut à gauche (-+).
Ces situations de fragilité, voire de désaffiliation peuvent être collectives dans certaines zones géographiques défavorisées où le chômage est important et la pauvreté touche une part importante de la population.
Le taux de pauvreté dépasse ainsi 50% de la population dans certaines villes de la Réunion et plus de 40% dans certaines villes de banlieues parisiennes comme vous pouvez le lire ici: https://www.inegalites.fr/Les-communes-les-plus-touchees-par-la-pauvrete-2086
On peut aller jusqu’à parler de phénomènes de « ségrégation » dans les quartiers périphériques populaires des grandes villes, les « quartiers défavorisés » ou les « banlieues » à partir du moment où l’on sait que la mauvaise réputation de ces villes ou quartiers nuisent à l’employabilité des personnes qui en sont originaires : ce facteur devient un motif de discrimination à l’emploi par exemple.
C'est ce que décrit cet article : https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/05/discriminations-des-jeunes-des-quartiers-populaire-des-murs-a-abattre_5237903_3232.html
Au final, le lien social est bien plus fragilisé par la rélégation d'une partie de la population, sa mise à l'écart, que par le développement du numérique...
Pour ceux qui poursuivent les SES en terminale, vous aurez l’occasion de revenir sur la question du lien entre la transformation de l'emploi et l'intégration. Pour les autres, j'espère que vous aurez trouvé cela instructif.
Première - Chapitre 12 : Comment se construisent et évoluent les liens sociaux? - Partie 1
Chapitre 12 : Comment se construisent et évoluent les liens sociaux?
Objectifs d'apprentissage
-Comprendre et pouvoir illustrer la diversité des liens qui relient les individus au sein de différents groupes sociaux (familles, groupes de pairs, univers professionnel, associations, réseaux).
-Comprendre et savoir illustrer le processus d’individualisation ainsi que l’évolution des formes de solidarité en connaissant la distinction classique entre solidarité «mécanique» et solidarité «organique».
Introduction
Une des questions centrales que se posent les sociologues est de savoir comment les sociétés « tiennent » et ce qui relie les individus entre eux. Nous avons en partie répondu à cette question lorsque nous avons abordé la socialisation. En diffusant des normes, valeurs et rôles prédéfinis, la société assure sa reproduction ainsi qu’une relative stabilité dans le temps.
Mais si l’individu évolue au sein de la société, les rapports avec elle sont indirects. Vous appartenez à la société mais en réalité vous n’avez de rapports qu’avec un nombre limités de ses membres.
En réalité, ce qui fait l’appartenance des individus à la société est leur appartenance à différents groupes sociaux à l’intérieure de celle-ci. C’est dans ces groupes que s’opère la socialisation et se nouent des liens et des relations entre les individus. C’est là que s’opère le contrôle social dont nous avons déjà parlé. C’est également là que s’opère la solidarité entre les individus.
Qu’est-ce qui renforce ou affaiblit ces solidarités ? C’est en partie à cette question que nous allons nous intéresser en étudiant les formes du lien social, l’évolution des formes de solidarité, le rôle du numérique et les facteurs qui favorisent la rupture des liens sociaux.
I. L’intégration des individus au sein des groupes sociaux
A. Qu’est-ce qu’un groupe social ?
Doc 2P136
On appelle groupe social un ensemble d’individus qui ont entre eux des relations directes ou indirectes plus ou moins intenses, une situation ou des activités communes et qui ont conscience d’appartenir au même groupe. Ils sont vus de l’extérieur comme formant un groupe.
Ils ont donc une réalité sociale : on les connaît, ils ont une influence sur leurs membres, ils peuvent agir et coordonner les activités de leurs membres.
Par exemple
Une famille, un groupe d’amis qui se connaissent depuis la petite enfance et se voient fréquemment, un gang, les militants d’un parti politique, une équipe de sport collectif ou une troupe de théâtre amateur sont des groupes sociaux car ils réunissent les caractéristiques évoquées plus haut.
A l’inverse, une foule n’est pas considérée comme un groupe social. Elle peut certes avoir une influence sur les individus qui la composent (panique, colère qui se diffuse par contagion) mais les personnes ne se connaissent pas, n’ont pas forcément de relations et surtout pas de conscience d’appartenir à un groupe. C’est simplement un rassemblement d’individus.
De même pour des gens qui attendent à un arrêt de bus ou pour le public d’une pièce de théâtre.
Les 15-25 ans, les chômeurs ou les 10% les plus riches sont des catégories statistiques réalisées arbitrairement. Ils ont sûrement des caractéristiques communes mais sans doute aussi beaucoup de différences et pas forcément de sentiment d’appartenance.
C’est la même chose pour les PCS qu’on utilise beaucoup en sociologie : les ouvriers, employés, cadres, agriculteurs et autres partagent des caractéristiques communes en termes de mode de vie, de pratiques culturelles ou de consommation mais ce sont avant tout des catégories statistiques et les individus qui les composent n’entretiennent pas de relations et s’identifient plus ou moins à cette catégorie.
B. Groupes primaires et groupes secondaires
A l’intérieur des groupes sociaux, on peut établir des différences selon le type de lien que l’on entretient. Les groupes primaires sont des groupes restreints, c’est-à-dire composés de peu de personnes et les relations y sont généralement plus intenses et plus intimes.
Quels exemples ?
La famille et les groupes d’amis sont bien sûr les meilleurs exemples de groupes primaires. On peut y ajouter les membres d’une association locale comme une petite troupe de théâtre par exemple ou une équipe de football amateur.
Dans un groupe primaire, tout le monde se connaît et se connaît même bien. Les relations sont directes et le sentiment d’appartenance est généralement fort. Cela n’empêche pas les conflits entre ses membres (au contraire) mais l’intérêt du groupe prime souvent sur les intérêts individuels.
Les groupes primaires n’ont pas forcément des objectifs définis. Ils ont une fonction sociale importante (socialisation, identification des membres) mais se suffisent d’exister à l’inverse des groupes secondaires qui ont généralement un but assumé.
Les groupes secondaires sont des groupes généralement plus grands où les relations entre les membres sont moins intimes et souvent indirectes : elles passent par des institutions.
Les groupes secondaires rassemblent souvent leurs membres autour d’un objectif commun : faire avancer une cause, améliorer la situation des membres du groupe… Les affinités entre les membres est donc secondaire.
Les syndicats ou les partis politiques en sont un bon exemple. Les individus partagent des objectifs communs et un certain sentiment d’appartenance mais ne connaissent généralement que peu de membres du groupe directement (les membres locaux du parti, les élus).
Les membres d’une entreprise peuvent aussi être considérés comme un groupe social secondaire (et abriter des groupes primaires si des relations amicales se développent entre les membres d’un service particulier avec invitations, sorties, vacances communes, etc…).
C. Quels liens entretenons-nous ?
Il y a de multiples façons de répondre à cette question. On l'a vu plus haut, les liens peuvent être plus ou moins forts, plus ou moins directs, plus ou moins intimes en fonction des groupes au sein desquels ils se nouent. On pourrait ajouter qu'ils peuvent être plus ou moins solides, plus ou moins fréquents, plus ou moins choisis, etc...
On pet donc à la fois décrire les liens selon leur nature et selon leur fonction.
Pour Serge Paugam, les liens sociaux sont importants car ils générèrent à la fois des formes de protection et de reconnaissance. On peut compter sur les autres membres du groupe (protection) et on compte pour eux (reconnaissance).
C’est vrai aussi bien pour les liens de filiation (dans la famille) comme on l’a vu dans le chapitre précédent que pour des liens de participation (dans une association, au travail) ou enfin pour les liens de citoyenneté.
C’est ce qui apparaît dans le tableau ci-dessous.
Tous ces liens constituent à la fois des ressources (transferts monétaires dans la famille, aide entre voisins, statut et salaire par l’emploi et droits par l’Etat) et ils participent à notre identité. Nous sommes identifiés comme un semblable par notre famille, nos amis, nos collègues, nos compatriotes. Appartenir à la société passe donc par l’appartenance à une multitude de groupes qui nous protègent et nous reconnaissent.
D’ailleurs, ces groupes sont aussi ce qui compte pour les individus, comme cela apparaît bien sur le graphique suivant.
II. Les effets du développement de l’individualisme sur le lien social
Emile Durkheim s’intéresse dès le départ aux types de liens qu’entretiennent les individus en société, au lien social. Sa thèse est qu’avec le passage à la modernité, ce qui nous relie les uns aux autres change de nature et que les individus deviennent plus libres par rapport à leurs groupes d’appartenance sans pour autant que la société ne se défasse.
A. De la solidarité mécanique à la solidarité organique
Pour Durkheim, les sociétés traditionnelles sont des sociétés dans lesquelles chacun a un rôle social semblable. On peut penser au monde rural de la France du 18ème siècle, à un petit village de pêcheur ou à un groupe de chasseur-cueilleur dans la forêt amazonienne. Dans un groupe de ce type, tout le monde fait la même chose, partage les mêmes croyances et le poids du groupe, le contrôle social qui pèse sur les individus est très fort (voir le chapitre sur la déviance). Durkheim parle de solidarité mécanique pour décrire le lien social car il s’agit d’une solidarité par similitude : on est relié aux autres parce qu’on est comme les autres.
Dans les sociétés modernes, la « division sociale du travail » s’est développée : les individus ont des fonctions, des métiers différents. La liberté de chacun s’est développée, le contrôle social est moins fort. On est encore relié aux autres mais pas parce qu’on leur ressemble, parce qu’on est complémentaire.
Dans les sociétés modernes, c’est la solidarité organique qui domine, même si certaines formes de solidarité mécanique n’ont pas disparu.
Tout en étant plus libres, les individus n’ont pas perdu leurs liens, ils sont devenus plus interdépendants.
B. Individualisme et lien social
L’individualisme, qu’il ne faut pas confondre avec l’égoïsme, c’est le processus à travers lequel l’individu va progressivement s’affranchir ou s’émanciper de son groupe d’appartenance en devenant plus autonome. Dans les sociétés traditionnelles, c’est d’abord le groupe qui compte. Le métier qu’on va exercer, la personne avec qui on va se marier, l’endroit où l’on va vivre sont en grande partie déterminée par la famille. Aujourd'hui, il est plus accepté que les enfants puissent choisir ce qu'ils souhaitent faire, comment s'orienter, quoi étudier, où aller s'installer. Et ça ne se traduit pas par moins de solidarité intergénérationnelle comme on l'a vu dans le chapitre précédent.
La vidéo suivante, faite de réactions de jeunes gens à quelques affirmations montre bien comment les jeunes sont partagés entre un individualisme (tout le monde n'en a pas la même définition) qu'ils jugent "normal" et la solidarité.
Ce qui apparaît nettement à la fin de la vidéo et sur quoi se positionnent les interviewés, c'est que la solidarité repose de plus en plus, dans les sociétés modernes, sur des institutions qui relient les individus de façon indirecte. Et ça aussi nous en avons parlé dans le chapitre précédent.
Le graphique suivant permet de mesurer différents pilliers du lien social pour les individus avec un apport équilibré des structure collectives et des actions des individus et des groupes sociaux.
Je vous laisse répondre aux questions pour la semaine prochaine.
Seconde – Chapitre 4 – Quelle relation entre le diplôme et l'emploi ? Partie 4
Bonjour à toutes et à tous,
nous avons vu la semaine dernière que le salaire ne dépendait pas que du diplôme mais également d’autres facteurs dont le genre. Cela nous a permis de nous rappeler en partie ce que nous avions vu en travaillant sur le caractère différentiel de la socialisation dans le chapitre 2. Aujourd’hui, pour conclure ce chapitre, nous allons revenir sur un autre aspect de la socialisation différentielle pour expliquer les inégalités d’accès aux diplômes en fonction du milieu social.
Objectif d’apprentissage : Comprendre que les chances d'accès aux formations diplômantes sont socialement différenciées.
III. Les inégalités d’accès aux diplômes
A. Le constat
Commençons par nous intéresser au document 1 P114 de votre manuel, avec cette carte qui s’intitule « obtention du bac selon l’académie » (les académies sont des découpages administratifs qui correspondent aux anciennes régions françaises).
Dans les académies qui figurent en vert foncé, plus de 75% des élèves de 6ème peuvent espérer accéder au bac. Moins du ¼ arrêteront donc leurs études avant et quitteront le système scolaire sans diplôme ou avec un BEP ou un CAP. Il s’agit des académies de Corse, de Lyon, de Toulouse, de Rennes et de Paris, Créteil et Versailles.
Ailleurs, les taux d’accès au bac sont plus faibles. Dans la majorité des académies, le taux d’accès au bac est de moins de 72,5% .
Evidemment l’explication n’est pas géographique. Et l’échelle retenue masque de grosses différences à l’intérieur des académies, d’une ville à l’autre, ou même d’un quartier à l’autre. En fait, ce sont les populations concernées qui ne sont pas les mêmes en fonction des territoires qu’on étudie.
Les académies dans lesquelles les taux d’accès au bac sont les plus élevés sont aussi celles qui concentrent le plus de parents diplômés et les meilleures conditions de vie : il y a plus d’entreprises gourmandes en professionnels qualifiés à Paris, Toulouse ou Lyon, qu’ailleurs, dans des régions plus rurales ou parfois plus industrielles ou davantage touchées par le chômage.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 2, c’est le milieu social (le groupe auquel appartient un individu et qui est défini à partir des caractéristiques socio-économiques comme la profession, le niveau de diplôme et les revenus si on reprend la définition de votre manuel) qui influence la réussite scolaire d’un individu.
Comme vous le savez on utilise les PCS (professions et catégories socio-professionnelles) pour faciliter les comparaisons car ces catégories renseignent sur le niveau de qualification des parents. Sur le document suivant, le poids de l’origine sociale apparaît très nettement.
On constate que les enfants qui étaient en sixième en 1995 (ils ont aujourd’hui 35 ans) dont les parents sont cadres, chefs d’entreprises et professions libérales ont obtenu plus souvent des diplômes élevés. Les 2/3 d’entre eux atteignent au moins le niveau bac+3 et 40% d’entre eux sont diplômés à Bac +5. Cette proportion n’est que de 17% chez les enfants d’agriculteurs et 1/3 d’entre eux seulement atteignent au moins bac+3. Plus on descend dans l’échelle des PCS vers des métiers moins qualifiés et manuels et plus la part des haut diplômés chez les enfants diminue. A l’inverse, la part des enfants non diplômés ou diplômés d’un niveau inférieur au bac augmente. C’est 60% chez les enfants dont les parents sont ouvriers non-qualifiés soit 6 fois plus que chez les enfants d’enseignants. L’écart est similaire pour les diplômés à bac + 3 et plus.
Les inégalités sociales d’accès aux diplômes sont donc importantes : les enfants issues des catégories les moins favorisées semblent presque exclus de l’accès aux diplômes de l’enseignent supérieur alors que c’est la norme chez les plus favorisés. Et pourtant, les études primaires, secondaire et une bonne partie des études supérieures sont gratuites en France.
B. Les explications
L’explication, nous la connaissons en partie pour avoir étudié la transmission du capital culturel dans le cadre de la socialisation plus tôt dans l’année et je vous invite à relire ce passage si c’est nécessaire.
Le document suivant reprend en partie ce que nous avions développé :
Dans la première partie du texte, on mentionne bien les connaissances, les attitudes et les compétences que les parents vont développer chez les enfants et qui dépendent étroitement du niveau d’éducation des parents, de leur propre rapport à l’école et, on l’avait dit, de leurs pratiques culturelles. Partant de là, les enfants ne sont pas préparés de la même manière aux apprentissages scolaires, ce qui va jouer comme un avantage pour les uns ou un désavantage pour les autres. La réussite scolaire encourage à poursuivre ses études plus longtemps et dans des filières plus sélectives alors que les difficultés scolaires mènent généralement à des études plus courtes (voire à la déscolarisation), l’institution scolaire jouant un rôle d’aiguillage des élèves en fonction de leurs résultats à la fin du collège, puis au lycée et après le bac.
La seconde partie du texte doit être mise en lien avec la question de l’ambition qui n’est pas la même dans toutes les familles. Si la position sociale des parents fait référence, les ambitions scolaires seront plus élevées dans les familles les plus favorisées : maintenir son niveau social rend nécessaire de poursuivre ses études plus longtemps. Les familles sont également diversement armées face au système scolaire pour favoriser la réussite de leurs enfants. C’est vrai du point de vue financier (cours de soutien, cours particuliers, écoles privées) mais également du point de vue des connaissances des parents sur le système scolaire qui permettent d’établir des stratégies efficaces (choisir la bonne option pour la bonne classe, choisir la bonne filière ou la bonne école).
Dans un contexte où personne n’est réellement à l’abri du chômage, ces différences de stratégies peuvent faire la différence, même à niveau scolaire égal.
Pour conclure, je vous propose de vous reporter à la courte synthèse qui se trouve à la P122 de votre manuel.
C’est tout pour cette semaine. A la semaine prochaine !
Seconde – Chapitre 4 – Quelle relation entre diplôme et emploi ? - Semaine 3
Nous avons commencé à parler la semaine dernière des facteurs qui entrent en compte pour la détermination des salaires. Nous avons vu que le niveau de diplôme jouait un rôle mais qu’il fallait tenir compte également d’autres facteurs dont l’âge. En réalité derrière l’âge, ce sont l’expérience et l’ancienneté qui vont jouer, notamment parce que les augmentations de salaires sont déterminées par des accords collectifs, des grilles de salaires négociées entre représentants des salariés et des employeurs. Mais l’effet de ces grilles de salaires ne se limite pas à l’âge et il y a d’autres facteurs déterminants en matière de salaires.
C. Le rôle de la taille de l’entreprise et du secteur d’activité
C’est justement en partie parce que le salaire n’est pas qu’une affaire de négociations individuelles entre un salarié et son employeur mais qu’ils sont définis collectivement que les salaires sont plus élevés dans les grandes entreprises que dans les petites comme cela ressort du document suivant (Doc 2 P 112):
On constate que, selon la DARES, plus les entreprises comptent de salariés et plus le salaire mensuel moyen augmente. Il est de 1857€ en moyenne dans les entreprises de moins de 10 salariés et augmente progressivement avec la taille de l’entreprise pour atteindre 2517€ dans les grandes entreprises de plus de 500 salariés.
On peut mobiliser plusieurs éléments d’explications :
- Le premier, c’est que les grandes entreprises sont plus susceptibles d’avoir signé des accords avec les syndicats, des « conventions collectives » prévoyant les salaires et leur augmentation. Plus une entreprise est grande et plus il est probable de voir des syndicats se développer qui vont agir pour tenter d’améliorer les conditions de travail. Il y a très rarement des syndicats dans les plus petites entreprises où les rapports sociaux entre salariés et patrons sont plus directs.
- Les grandes entreprises, de par leur taille justement, sont plus susceptibles de compter dans leurs effectifs des personnels qualifiés et mieux payés : personnels d’encadrement, ingénieurs, dirigeants, etc, dont les salaires vont tirer la moyenne vers le haut.
- Enfin, les grandes entreprises réalisent des bénéfices bien plus importants que les petites relativement à leur nombre de salariés. Par conséquent, la productivité en valeur des salariés y est plus élevée et les salaires qu’on peut leur distribuer sont donc plus importants.
Sur le même graphique, on peut constater que les salaires sont également liés au secteur d’activité.
En lien avec l’actualité, on peut souligner que les rémunérations ne reposent pas vraiment sur l’utilité sociale des professions exercées. On en a pris conscience ces dernières semaines: ceux et celles qui doivent continuer à travailler sur le terrain même en cas d’épidémie, pour que la société puisse continuer à fonctionner, ne font pas partie des salariés les mieux payés. Les aides-soignantes ou infirmières dans le secteur de la santé, les caissières (des métiers féminins, on y reviendra plus tard) ou les livreurs dans le secteur du commerce, les policiers, les pompiers, les éboueurs… autant de métiers essentiels mais peu rémunérateurs pour ceux qui les occupent. A tel point qu’en France, on a distribué des primes (ou encouragé à le faire) à certaines de ces professions.
Ce qui détermine les salaires, ce n’est pas l’utilité sociale mais bien plus souvent la rentabilité économique. Les salaires moyens sont ainsi plus élevés dans le secteur de l’industrie où l’on produit des biens marchands, dans celui de la communication qui permet de faire vendre (publicité, marketing) ou dans le domaine très profitable de la finance (qui permet de diriger les capitaux vers les secteurs rentables) que dans les secteurs non marchands et publics. C’est ce qui expliquait que même à niveau de diplôme égal, un bac+5 par exemple, les salaires varient selon les études suivies : école de commerce ou d’ingénieur, master en sciences ou sciences humaines (voir doc2 page 108 utilisé dans la première partie de ce cours).
Mais il faut garder à l’esprit également puisque nous raisonnons sur des salaires moyens que les emplois ne sont pas les mêmes dans ces différents secteurs. La proportion de travailleurs non-qualifiés n’est évidemment pas la même dans le secteur de l’hébergement, de la construction ou du transport que dans le secteur du marketing ou de la banque.
Il y a donc une imbrication importante de différents facteurs qui expliquent la diversité des salaires et il faut le garder à l’esprit lorsque l’on travaille sur des moyennes.
Derniers aspect à développer et je l’ai mentionné rapidement, le genre joue un rôle en matière de salaires.
D. Le rôle du genre
En France, les femmes gagnent en moyenne 23 à 25% de moins que les hommes (selon les statistiques et les années). Cette statistique interpelle d’autant plus qu’en moyenne, elles sont plus diplômées que les hommes. Comment peut-on alors expliquer cette différence ?
Et bien en réalité, on ne peut pas le faire d’un bloc et il faut décomposer ces 23, 24 ou 25 % d’écarts. C'est ce que fait cette vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=1adJUtUhvp0
Ce qui ressort de cette vidéo, c’est qu’il faut prendre en compte différents facteurs pour expliquer ces écarts entre rémunérations. Avec des chiffres proches (données de 2012), ce document puisé sur le site de l’observatoire des inégalités nous montre l’impact de ces différents facteurs.
- Le premier, c’est le temps de travail. Les femmes occupent, bien plus que les hommes, des emplois à temps partiels par exemple à mi-temps. Soit par « choix », parce qu’elles concilient leur activité avec les tâches domestiques et l’éducation d’enfants en âge pré-scolaire ou scolaire. Soit qu’il s’agisse de temps partiel subi (on impose souvent aux caissières ou femmes de ménage des horaires coupées et limitées). En raison de la répartition des tâches domestiques, les femmes sont également moins disponibles et volontaires pour faire des heures supplémentaires. Si on recalcule les salaires sur la base de temps complets, l’écart se réduit d’environ 10 points.
- Mais les femmes et les hommes n’occupent pas non plus les mêmes emplois. Et les emplois féminins (reposant sur les stéréotypes de genre) sont bien souvent des emplois du secteur des services, éventuellement non marchands. Parmi les emplois cités dans la vidéo : vendeuses, aides à domicile, gardes d’enfants, caissières, etc… des emplois qui sont dans les secteurs dont on a vu qu’ils sont ceux qui rémunèrent le moins. D’un point de vue général, les emplois féminisés, même qualifiés (infirmières, enseignantes) sont souvent moins bien rémunérés que des emplois masculins qui impliqueraient un même nombre d’années s’études.
- Si l’on retire les effets des inégalités qui reposent sur les caractéristiques des métiers féminins et masculins et qu’on neutralise les autres facteurs déjà évoqués (âge, secteur, taille de l’entreprise », il reste 10% d’écart « inexpliqués » qu’on peut donc considérer comme de la discrimination pure. Cela signifie qu’on propose aux femmes des salaires moins intéressants que ceux que l’on propose aux hommes même pour des métiers équivalents mais nous reviendrons là-dessus.
Derrière l’ensemble de ce ces facteurs, c’est bien la question du genre, que l’on a étudiée dans le chapitre sur la socialisation, qui forme une trame. Le temps de travail est fortement lié à la question du travail domestique et parental dont on sait que les femmes assurent la plus grande partie. Les types d’études suivies et les stéréotypes genrés liés aux différentes professions expliquent en grande partie les secteurs moins rémunérateurs dans lesquels travaillent les femmes. Enfin, les 10% restants reposent en bonne partie sur les stéréotypes et sur les effets indirects des éléments qu’on a cités plus haut.
Les écarts de salaires les plus importants sont en effet ceux des métiers et des secteurs les mieux rémunérés. Comme le mentionne la vidéo, il y a bien des femmes cadres mais peu de femmes cadres dirigeantes : c’est le plafond de verre (comme s’il existait une barrière invisible qui empêche les femmes d’arriver aux postes les plus prestigieux). L’explication se trouve à la fois dans le fait que les hommes se recrutent plutôt entre eux et dans le fait que les femmes connaissent des carrières moins linéaires que les hommes : ce sont elles qui interrompent leurs carrières ou réduisent leur activité pour élever les enfants, elles sont moins disponibles pour des réunions le soir comme c’est souvent la norme, etc. Bref, elles apparaissent moins comme des candidates potentielles que les hommes et renoncent parfois à leurs ambitions devant la difficulté à mener de front carrière et famille.
Pour illustrer cette question, je vous conseille le visionnage (ou le revisonnage selon la classe) de ce reportage « Bienvenue dans la vraie vie des femmes » (documentaire de 2009 mais qui reste très actuel). Les 12 premières minutes sont à regarder et portent spécifiquement sur la question du travail. Le reste (politique, travail domestique, publicité et médias) n’est pas inintéressant si vous avez le temps et que vous souhaitez approfondir la question.
https://www.youtube.com/watch?v=mBHVI_Bhot4
En bonus, un article illustré du monde sur ces femmes en première ligne en France pendant la pandémie.
Bonne semaine à tous.
Pensez au QCM sur pronote.
Seconde - Chapitre 4 - Quelle relation entre diplôme et emploi ?- Semaine 2
Bonjour,
Nous avons vu dans la partie précédente que le fait d’acquérir un diplôme pouvait s’avérer payant en termes d’accès à l’emploi. Techniquement, ça n’est pas l’absence de diplôme qui crée le chômage. Il y a du chômage parce qu’il n’y a pas assez d’emplois pour l’ensemble des personnes qui souhaiteraient en occuper un. Mais dans ces conditions, lorsqu’ils recrutent, les employeurs vont privilégier les candidats qui sont les plus diplômés et qui seront sans doute les plus productifs. Dans les pays développés, les emplois les moins qualifiés du secteur secondaire ont d’ailleurs tendance à disparaitre en raison de la mécanisation et des délocalisations vers des pays à bas salaires (par exemple en Asie). Donc d’un pont de vie individuel, l’absence de diplôme expose un individu au risque du chômage.
Nous avons vu également que le niveau de diplôme semblait déterminant dans l’accès à un emploi stable et dans le niveau de salaire auquel on peut prétendre. Nous allons rapidement revenir sur ce dernier point avant de voir que ça n’est pas le seul élément explicatif du salaire.
II. Quels sont les déterminants du salaire ?
A. Salaire et diplôme : quelle relation ?
D’abord, définissons rapidement le salaire. Le salaire, c’est la contrepartie monétaire du travail pour un salarié. Autrement dit, c’est une somme d’argent que l’on touche de son employeur en échange de son temps de travail.
Passons rapidement sur un premier constat : on peut tout-à-fait tirer des revenus importants de son activité sans avoir des diplômes très élevés. C’est le cas par exemple d’un entrepreneur qui créerait sa propre entreprise et connaitrait le succès. Mais la proportion de personnes qui travaille à leur propre compte est très minoritaire en France.
C’est ce qui ressort de ce diagramme circulaire :
Source : © Gérard-François Dumont - Chiffres Insee France et DOM RRP 2006.
Sur ce graphique, on constate que les indépendants, ceux qui travaillent à leur compte (les agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprise) représentent moins de 8% de la population active (les personnes en âge de travailler et qui souhaitent le faire).
Tous les autres ou presque (parce que dans les cadres, on trouvera aussi les professions libérales comme les médecins, les avocats, etc…) sont des salariés : ils travaillent pour quelqu’un d’autre au service de qui ils mettent leurs compétences et leur temps.
On peut relever aussi qu’un peu plus de la moitié des actifs sont ouvriers ou employés, ce dont il faudra se rappeler plus tard.
Pour ces salariés, le niveau de diplôme est un élément important d’explication de leur rémunération parce qu’il détermine les emplois auxquels ils ont accès : depuis les emplois les moins qualifiés, qui nécessitent peu de savoir-faire spécifiques ou de formation préalable, jusqu’aux plus qualifiés.
Même si bien sûr, il y a un salaire minimum en dessous duquel on ne peut pas aller.
En France, c’est le SMIC qui s’élève en 2020 à 8€ net (ce que touche le salarié une fois les cotisations payées) de l’heure soit 1200 euros net par mois environ pour un emploi à temps plein (35heures par semaine).
Environ 13% des salariés touchaient le SMIC en France au premier janvier 2019 soit environ 2 millions de personnes. Mais une bonne partie des salariés touchent à peine plus.
Pour se faire une bonne idée de l’échelle des salaires, on peut utiliser cet outil (vous aurez besoin des résultats pour le QCM):
https://www.inegalites.fr/Salaire-etes-vous-riche-ou-pauvre
- Si vous gagnez 1400 euros par mois, quelle est la proportion des salariés qui gagnent moins que vous ?
- Si vous gagnez 1600 euros par mois, quelle est la proportion des salariés qui gagnent moins que vous ?
- Si vous gagnez 1900 euros par mois, quelle est la proportion des salariés qui gagnent moins que vous
- A partir de quel salaire gagne-t-on plus que 90% des salariés (déplacez le curseur sur la courbe) ?
Si on prête attention à l’allure générale de la courbe, on constate que les salaires progressent assez lentement en France. Seuls 40% des salariés gagnent plus de 2000€ par mois et seuls 25% des salariés gagnent plus de 2500€ mensuels;
Les gros salaires ne concernent donc qu’une faible proportion des salariés.
Pour autant, tout le monde ne gagne pas la même chose et le salaire dépend avant tout du niveau de l’emploi occupé. On gagne moins dans un emploi d’exécution qui nécessite de faibles qualifications que dans emploi de technicien qui implique deux ans d’études ou dans un emploi de cadre qui implique 4 à 5 ans d’études. Et on l'a vu plus haut, un peu plus de 50% des emplois sont des emplois peu qualifiés d'employés et d'ouvriers.
Je vous propose mantenant de vous faire une idée des rémunérations qui correspondent à différents niveaux d'emploi justement.
Cette petite application basée sur les données de l’INSEE (salaire médian selon l’âge et la catégorie professionnelle) permet de se faire une idée de la question et vous permettront de répondre aux questions du QCM.
Dans un premier temps ne raisonnons que sur les hommes âgés de 27 ans et vivant à Bordeaux. Mettez un nom au hasard, les métiers et les villes apparaissent dans la liste déroulante au fur et à mesure que vous tapez. Vous n’avez pas besoin de recommencer au début pour chaque changement.
- Combien gagne un vendeur en alimentation (BEP-CAP) de 27 ans vivant à Bordeaux ?
- Combien gagne un Technicien d'installation et de maintenance des équipements industriels (BAC+2) du même âge dans la même ville ?
- Combien gagne un Ingénieur et cadre d'étude, recherche et développement en informatique (BAC+5) du même âge dans la même ville ?
Il y a bien un lien entre le niveau d’étude et le salaire proposé.
Si vous trouvez que le salaire proposé à notre jeune ingénieur en informatique est faible, vous n'avez pas tord. Regardez à combien s’élèverait le salaire médian s’il avait 5, 10 ou 20 ans de plus.
Le salaire augmente avec l’âge ! 10 ans plus tard, le salaire médian est 500€ plus élevé.
A 47 ans, un ingénieur informatique fera partie des 10% des salariés les mieux rémunérés.
Comment expliquer cette différence et cette progression du salaire avec l’âge ?
B. Le rôle de l'âge
Vous en avez fait le constat, le salaire progresse avec l’âge. Mais est-ce que c’est vraiment l’âge qui compte ?
En réalité, non. On peut mobiliser deux éléments d’explication que vous trouverez dans le texte qui suit (doc 3 P 112).
Le premier élément, c’est l’expérience. On a vu que c’est ce qui fait défaut aux jeunes diplômés et explique en partie leurs difficultés d’insertion professionnelle. C’est également ce qui explique la relative faiblesse de leurs salaires. Ils n’ont pour eux que leurs diplômes (quand ils en ont) alors que leurs ainés peuvent justifier d’une expérience plus longue : ils ont acquis des compétences, des contacts, n’ont pas besoin d’être formés par leur employeur s’ils changent d’entreprise, ils sont déjà opérationnels, bref : ils sont plus productifs. Ils peuvent donc négocier leur salaire avec leur employeur s’ils en changent ou des augmentations au fur et à mesure qu’augmente leur productivité.
La relation qu’on peut faire apparaître dans le schéma qui se trouve sous le texte est la suivante :
Âge -> expérience -> capital humain -> productivité -> salaire
L’autre élément d’explication tient à la façon dont sont organisées les relations sociales au travail en France : elles sont en grande partie collectives. Les représentants des salariés (syndicats) et des employeurs définissent des grilles de salaire avec des augmentations automatiques tout au long de la carrière : c’est une reconnaissance implicite de cette augmentation de la productivité au cours du temps.
Il existe également d'autres facteurs d'explication des salaires comme le secteur d'activité ou le genre, nous en parlerons la semaine prochaine.
Attention : pour les réponses chiffrées du QCM, n'entrez pas les symboles % ou € à la suite des chiffres, juste les données ou pronote ne reconnaîtra pas la réponse.
Seconde - Chapitre 4 - Quelle relation entre diplôme et emploi ? - Semaine 1
Chapitre 4: Quelle relation entre diplôme et emploi ?
Objectifs d'apprentissage:
- Comprendre que la poursuite d’études est un investissement en capital humain et que sa rentabilité peut s’apprécier en termes de salaire escompté, d’accès à l’emploi et de réalisation de ses capabilités.
- Savoir que le manque de qualification est une cause du chômage.
- Comprendre que le salaire est déterminé par le niveau de formation.
- Savoir qu’à niveau de diplôme égal, le salaire peut varier selon différents facteurs notamment l’expérience acquise, le type d’entreprise, le genre.
- Comprendre que les chances d'accès aux formations diplômantes sont socialement différenciées.
Maintenant que nous en savons un peu plus sur le fonctionnement de l’économie, de la société et du monde politique, nous pouvons nous intéresser à la manière dont on peut utiliser plusieurs sciences sociales pour analyser un même « objet » (ou thème) et croiser les regards et les outils.
Ce thème, c’est celui de l’emploi et plus particulièrement de la relation entre le diplôme et l’emploi. L’idée, c’est aussi de monter ici l’utilité d’un regard scientifique sur le monde social, basé sur des données statistiques et des raisonnements rigoureux.
En guise d’introduction, on peut se demander : un diplôme, pourquoi faire ?
On a tous des éléments de réponses à cette question. Si vous êtes au lycée, ça n’est pas uniquement parce que vos parents vous y obligent. D’ailleurs après 4 semaines de confinement, j’imagine que vous êtes nombreux à vouloir y revenir… Pour voir vos amis ? Ok, aussi…
Mais vous avez sans doute également des ambitions pour l’avenir. Aller à l’école, on a vu dans le chapitre 2 que c’est important du point de vue de la socialisation primaire dans les petite classes mais qu’on y acquiert aussi des compétences spécialisées qui nous seront utiles par la suite et qui font partie de la socialisation secondaire.
Le lycée, c’est une étape dans votre parcours de formation qui permet d’acquérir des connaissances et des compétences méthodologiques qui vous seront utiles dans le cadre de vos études. Et ces études, elles vont vous ouvrir les portes du monde professionnel, elles doivent vous conduire à un emploi.
Mais est-ce si simple ?
Regardez la vidéo suivante qui présente les difficultés d’insertion professionnelle d’une jeune diplômée et trouvez les réponses aux questions qui suivent :
Quel est le niveau de diplôme de Pauline ?
Dans le reportage, qu’est-ce qui manque à Pauline pour obtenir un emploi ?
Quelles conséquences pour elle ?
https://www.youtube.com/watch?v=4eN69ggKQg0
Pauline a un master 2, elle a donc fait 5 ans d’études après son bac.
Selon les postes et malgré son diplôme il lui manque souvent : soit de l’expérience, soit un concours pour avoir accès aux postes dans la fonction publique, de meilleures capacités à se valoriser à l’oral ou encore un réseau (des relations).
Donc le diplôme seul n’est pas forcément suffisant pour obtenir un poste dans des domaines où l’on est en concurrence avec beaucoup d’autres diplômés, surtout si les débouchés sont limités comme c’est le cas dans son domaine.
Et on connait tous quelqu’un (ou quelqu’un qui connaît quelqu’un) qui a réussi sans diplômes.
Est-ce que ça signifie que le diplôme ne sert à rien ?
Vous vous en doutez, c’est plus compliqué que ça… Et on va donc prendre le temps d’y répondre.
I. Le diplôme, un investissement pour l’avenir.
Comme c’est suggéré par le titre, étudier, c’est une forme d’investissement. Ca consiste à faire des efforts, à renoncer à des revenus immédiats et souvent à dépenser de l’argent pour en récolter les fruits plus tard.
Mais quels sont ces fruits ?
D’abord, étudier va nous permettre d’acquérir des savoirs, des compétences qui vont nous rendre plus efficaces, plus productifs.
Du point de vue d’un individu qui poursuit ses études, d’une entreprise qui forme ses salariés ou d’un Etat qui augmente le niveau d’éducation de sa population, l’effet attendu, c’est l’augmentation de ce que les économistes appellent le « capital humain »: l'ensemble des savoirs et es savoirs-faire qui permettent d'augmenter l'efficacité du système productif. Cette idée est reprise dans le texte (doc3 P 109) qui suit qui détaille ce qu’on peut attendre d’une année d’étude supplémentaire.
Selon le texte, d'un point de vue individuel, on peut en attendre des revenus supplémentaires, une promotion et/ou une carrière plus intéressante. On pourrait ajouter : plus de responsabilités, l'accès à des fonctions particulières, etc…
Mais est-ce vérifié ?
Le document (doc2 P 108) qui suit présente le salaire médian des jeunes (celui qui sépare l’effectif en 2, la moitié gagne plus, la moitié gagne moins) par niveau de diplôme.
Ici, la corrélation positive qui apparaît est claire : le niveau de rémunération augmente avec le niveau de diplôme puisque qu’on constate que le salaire médian croit avec les années d’études.
Celui des non diplômés est de 1278€ par mois soit 400€ de moins que le salaire médian des diplômés du supérieur. Le salaire médian des diplômés d’une école d’ingénieur est presque deux fois plus élevé.
Mais tous les master ne se valent pas de ce point de vue. 5 ans d’études ont un meilleur rendement (salarial) dans des filières scientifiques ou commerciales que dans les sciences humaines (pas qu’elles soient moins formatrices mais elles ne débouchent pas sur les mêmes emplois…).
La relation entre le niveau de diplôme et le salaire est donc partiellement vérifié mais est-ce le seul avantage d’un niveau de diplôme élevé ?
Sur le tableau qui suit, on peut lire le taux de chômage et la part des travailleurs qui occupent un emploi temporaire (instable, de courte durée) selon le niveau de diplôme pour les jeunes qui ont terminé leurs études depuis 1 à 10 ans.
On constate d’abord que le chômage touche fortement les moins diplômés. 38% des non diplômés et de ceux qui ont au maximum le brevet sont en recherche d’emploi. Et parmi ceux qui ont un emploi, seuls 60% ont un emploi stable. Le taux de chômage, tout comme la proportion de travailleurs qui occupent un emploi temporaire diminue ensuite avec le diplôme même si la situation est variable selon la filière.
Pour ceux qui possèdent une licence, le taux de chômage est de 9% et 18 % de ceux qui travaillent ont emploi instable. Les proportions sont à peu près les mêmes pour les titulaires d’un master. Le diplôme n’offre donc pas une protection absolue contre le chômage mais c’est une protection relative. Les titulaires d’une licence sont deux fois moins au chômage que les titulaires d’un bac général dans les 10 ans qui suivent la fin de leurs études et ils sont moins touchés par la précarité, c’est-à-dire par l’instabilité professionnelle (dont parle Pauline dans la vidéo du début).
Comment les choses évoluent-elles par la suite ?
Là encore, on peut observer une corrélation entre le niveau de diplôme détenu et la situation d’emploi chez les personnes âgées de 30 à 59 ans.
Seules 57,5% des personnes sans diplôme occupent un emploi en 2017 en France. 11,4 % sont des chômeurs (ils n’ont pas d’emploi et en recherchent un) et un peu plus de 30% sont devenus des inactifs, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’emploi et n’en cherchent pas ou plus. Bien souvent, ce sont des chômeurs découragés qui, ne trouvant pas d’emploi, ont cessé leur recherche.
Leur nombre est élevé également chez ceux dont le brevet est le diplôme le plus élevé mais ils sont un peu plus nombreux à avoir un emploi.
En fait, la proportion des personnes en emploi augmente au fur et à mesure que le niveau de diplôme progresse (il y a une corrélation positive entre diplôme et emploi) et la part des chômeurs et inactifs diminue sauf pour ceux dont le diplôme maximum est le bac général comme sur le graphique précédent. On est alors plus souvent chômeur ou inactif que si l’on possède un diplôme professionnel.
En effet, le bac général est utile pour poursuivre des études supérieures mais contrairement à un CAP ou un bac professionnel, il ne délivre aucune compétence professionnelle : on n’apprend pas un métier en terminale générale.
Le niveau de diplôme mais également le type d’études que l’on poursuit a donc bien un impact non négligeable en termes de salaire, d’accès à l’emploi mais aussi de stabilité de l’emploi. Ce sont des éléments qui ne sont pas des fins en soi mais qui sont importants en raison de ce qu’ils nous permettent de faire.
Au final, notre niveau d’éducation augmente ce qu’Amartya Sen appelle nos « capabilités », c’est-à-dire l’éventail des possibilités qui nous sont offertes dans l’existence, nos possibilités de nous réaliser et d’améliorer nos qualités de vie, de profiter des libertés qui nous sont offertes.
Nous terminerons là-dessus cette semaine.
Exercice: A partir des éléments contenus dans la leçon du jour, je vous demande un petit travail d'argumentation. Rédigez un texte d’une dizaine de ligne adressé à un ami (ou une amie) qui souhaiterait interrompre ses études pour le (ou la) convaincre de l’intérêt d’obtenir un diplôme. .
Première - Chapitre 11: Quelle gestion des risques ? - Semaine 2
II. Comment gérer et partager les risques ?
Des risques, vous l’avez compris, il y en a de toutes sortes. Il y a des risques individuels : celui que vous vous cassiez le poignet. Des risques économiques : celui que court un entrepreneur ou un actionnaire de perdre son investissement de départ. Des risques sociaux : celui d’être au chômage ou d’avoir un accident de travail et d’être donc empêché de travailler. La plupart de ces risques sont assumés collectivement dans les sociétés développées. Nous allons voir pourquoi, comment mais aussi avec quels effets.
A. La gestion des risques : une affaire collective
Objectif d'apprentissage:
- Connaître les principes (prévention, mutualisation et diversification) qui permettent la gestion collective des risques et savoir les illustrer par des exemples.
Les risques sanitaires, économiques ou sociaux ne sont jamais une affaire uniquement individuelle. Le tabagisme expose un fumeur au risque de contracter le cancer. On peut penser que cela relève d’une décision individuelle et que la conséquence (la maladie et la mort) sont des conséquences avant tout individuelles. Or, la mort prématurée de milliers de fumeurs chaque année a un coût économique et social important (sans parler des conséquences pour les proches). Ce sont des travailleurs dont les compétences sont perdues et les traitements représentent des coûts qui sont toujours d’une manière ou d’une autre, financés par la collectivité.
Vous avez un article intéressant sur la question ici, qui tente de chiffrer ces conséquences économiques et sociales : https://www.la-croix.com/Sciences/Sante/Combien-coute-tabagisme-France-dans-monde-2017-01-31-1200821473
Vous l’aurez compris, évaluer le coût économique et social du tabagisme est difficile mais dans tous les cas, il coûte bien plus cher à la collectivité qu’il ne rapporte (en profits et taxes) et le risque est donc un risque collectif.
En effet, dans les sociétés modernes, les risques sont mutualisés c’est-à-dire qu’ils sont mis en commun. Il n’est généralement pas possible pour un individu seul de faire face aux coûts impliqués par une hospitalisation longue, par l’incendie de sa maison ou encore à par l’accident de voiture qu’il causerait ou dont il serait victime. C’est pour cette raison qu’on a recours à des sociétés d’assurances (à but lucratif) ou mutuelles (à but non lucratif) qui vont permettre, en prélevant les cotisations de nombreuses personnes, d’indemniser celles (minoritaires) qui seraient victimes de tels accidents. C’est le principe de la mutualisation des risques qui est présenté dans cette courte vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=HTmaH9SE
Le principe c’est que les cotisations versés par tous ne serviront qu’à quelques-uns qui seront mieux indemnisés de cette manière que si chacun cotisait uniquement pour soi. Le coût individuel est ainsi plus faible pour chacun. Mais les cotisations versées dépendant de la fréquence des accidents constatés.
Cela explique que les pouvoirs publics ou des associations, voire les sociétés d’assurance elles-mêmes, investissent des sommes importantes dans la prévention du tabagisme comme dans celle d’autres risques : accidents domestiques, accidents de voiture, etc.
Quelques données sur la question dans cette courte vidéo : https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/accident/maison-attention-aux-accidents-domestiques_2471342.html
Sensibiliser les acteurs sociaux permet en effet de réduire la fréquence des accidents, donc le coût total pour la collectivité. On peut alors imaginer que les cotisations baissent, ce qui libère du pouvoir d’achat ou alors qu’on indemnise mieux les assurés en cas d’accident (réduction de la franchise, etc…).
La prévention est également nécessaire à la survie économique des sociétés d’assurance et des mutuelles : il n’est pas possible de rembourser tout le monde.
C’est également ce qui pousse les sociétés d’assurance à la diversification. Il s’agit pour elles de multiplier les risques qu’elles assurent : tous ne se réaliseront pas en même temps. Une société d’assurance ne se spécialisera pas par exemple dans la couverture des risques liés aux cyclones. Parce que le jour où un cyclone passe, les cotisations des assurés concernant ce risque ne suffiront pas à rembourser les assurés. Dans le même temps, elles proposeront également des assurances auto, des assurances-vie, etc…
B. Les avantages et les inconvénients de la gestion collective des risques
Objectif d'apprentissage:
- Comprendre les effets positifs (bien-être, incitation à l’innovation) et négatifs (aléa moral) du partage des risques tant pour les individus que pour la société.
1. Les avantages du partage des risques
Du point de vue des avantages, mettre les risques en commun est donc un bon calcul économique comme on l’a vu plus haut. Le coût pour chacun sera plus faible dans ces conditions. On peut faire le même raisonnement d’un point de vue purement économique.
La mutualisation des risques peut passer pour un entrepreneur par la recherche d’associés/actionnaires qui vont partager le financement et les risques avec lui contre la perspective d’un bénéfice futur. Le partage des risques est donc positif du point de vue de l’activité économique et de l’innovation. Sur un modèle un peu différent, les plateformes de crowdfunding comme ulule ou kisskissbankbank permettent aujourd’hui à chacun de contribuer à des projets qui ne verraient pas le jour sans cet effort collectif.
Mais la prise en charge collective des risques c’est également bien souvent une nécessité et un gage de bien-être collectif. Sans prise en charge collective des risques, seule une petite partie de la population pourrait épargner suffisamment pour faire face aux accidents ou à la maladie par exemple.
Si les interventions de lutte contre l’incendie des pompiers sont gratuites et prises en charge par la collectivité, c’est d’abord parce que l’incendie d’une maison a de fortes chances d’impacter la ou les maisons voisines. On a donc tous intérêt, collectivement à ce que ce que les interventions des pompiers soient gratuites pour que personne n’y renonce.
En ces temps de pandémie, on comprend bien également que le comportement de chacun impacte l’ensemble des membres de la collectivité. Tomber malade c’est risquer de contaminer d’autres personnes et donc de répandre l’épidémie. Cela justifie donc les mesures particulières mises en place pour y faire face : port du masque, confinement, etc… L’exemple de la vaccination permet d’illustrer ce principe même en dehors des périodes d’épidémies comme l’explique ce document issu de votre manuel (P220 document 2):
Même si le vaccin peut présenter un risque du point de vue individuel, le bienfait pour la collectivité est bien plus important. Une personne vaccinée ne tombera pas malade et si suffisamment de personnes sont vaccinées, le virus ne pourra pas se transmettre dans la population. Se vacciner, c’est source d’externalité positive et de bien-être !
Enfin, la prise en charge collective des risques, c’est aussi du lien social. Savoir qu’on est protégé, qu’on peut compter sur des mécanismes collectifs en cas de difficultés, c’est essentiel. Les décisions du gouvernement mauricien pendant la pandémie : prise en charge des salaires même dans le secteur informel, versement des pensions à domicile, etc… c’est ce qui permet à une société d’affronter ce type de circonstances.
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Les inconvénients du partage des risques
Ici, on revient sur un mécanisme économique que nous avons étudié en classe dans le chapitre portant sur les dysfonctionnements du marché : l’aléa moral décrit par ce texte.
On le comprend bien, le problème ici, c’est qu’un individu bien assuré soit moins prudent, qu’il adopte des comportements à risque ou qu’il surconsomme des soins selon les situations car il sait qu’il est couvert et que le coût sera pris en charge par la collectivité.
On a déjà parlé de la conséquence que l’aléa moral peut avoir sur les sociétés d’assurances elles-mêmes : la mutualisation ne fonctionne que si un nombre réduit d’assuré a effectivement un accident. Si la fréquence est trop élevée, les cotisations augmentent, ce qui fait fuir les assurés les plus prudents : c’est la faillite pour l’assureur. Des systèmes incitatifs comme le bonus-malus évoqué dans le texte sont un moyen de réduire l’aléa moral pour les assureurs automobiles.
Lorsque l’assureur est public, le problème est également celui du financement : comment équilibrer les recettes et les dépenses ? Cela passe généralement par un « reste à charge », c’est-à-dire une partie du prix des soins qui n’est pas pris en charge, soit que les remboursements soient plafonnés (il y a un montant maximum remboursé), soit qu’il existe une franchise, une partie de la somme qui soit forcément à la charge de l’assuré.
En France par exemple, le coût des soins de santé se répartit de cette façon.
La sécurité sociale prend en charge plus des ¾ du prix des frais de santé, les mutuelles (facultatives) complètent le remboursement à hauteur de 13% et les assurés payent 8% du total des soins : médicaments non-remboursés, franchise sur les consultations, l’hospitalisation et médicaments et la part qui dépassent les plafonds de remboursement. L’idée n’est pas de réduire la protection mais de responsabiliser les assurés : si une part du coût leur revient, cela limitera la surconsommation de soin.
Nous terminerons ce chapitre la semaine prochaine en nous intéresant aux acteurs qui interviennent dans la gestion des risques et plus particulièrement à la protection sociale qui nous protège contre les risques sociaux.
D'ici-là, je vous demande de remplir le QCM qui porte sur les deux premières parties.
A mardi !
Première - Chapitre 11: Quelle gestion des risques ? - Semaine 1
Bonjour à tous, allons nous intéresser maintenant à un chapitre de « regards croisés » sur la gestion des risques dans les sociétés développées. C’est un chapitre qui s’accorde particulièrement bien avec l’actualité puisqu’il permet notamment de s’interroger sur la manière dont les différents pays du monde prennent en charge une pandémie par exemple, aussi bien du point de vue sanitaire (prévention, dépistage, soins, etc…) que du point de vue social (chômage, revenus de remplacement, etc.).
Chapitre 11 : Comment l’assurance et la protection sociale contribuent-elles à la gestion des risques ?
I. Quelle attitude face au risque ?
Objectif d'apprentissage: Comprendre que l’exposition au risque et l’attitude face au risque (perception du risque, aversion au risque, conduites à risque) diffèrent selon les individus, les groupes sociaux et les sociétés, et être capable de l’illustrer pas des exemples.
A. Le risque et sa perception
Un risque, c’est l’éventualité qu’un évènement arrive et provoque un dommage.
En sortant dans la rue pour profiter du déconfinement, vous vous exposez par exemple au risque de trébucher dans la rue et de vous casser le poignet, vous empêchant de profiter du retour à la liberté. Mon expérience de professeur me permet d’ailleurs de savoir que les jeunes de votre âge sont particulièrement exposés au risque de se casser le poignet (et que les cours d’EPS n’y sont pas étrangers mais c’est une autre affaire et de ce côté-là, vous êtes tranquilles jusqu’à la rentrée).
Vous n’avez sans doute pourtant pas conscience de ce risque et les conseils avisés de vos parents lorsque vous étiez petits vous y ont sans doute préparés (bien nouer vos lacets, regarder où vous mettez les pieds, etc…). Mais vous penserez sans doute plus au coronavirus ou aux véhicules qui passent à grande allure sur la route… à moins que sur ce sujet là également, vous soyez insouciants, ce qui n’est pas rare chez les adolescents qui sont souvent moins sensibles aux risques que d’autres catégories de la population. La perception du risque est donc relative.
Les sociétés traditionnelles s’inquiètent peu du risque. Il existe évidemment et sa prise en charge se fait au cas par cas, souvent dans le cadre familial. Dans les sociétés modernes dans lesquelles l’Etat prend une place importante, les risques sont mesurés, calculés, étudiés, que l’on parle des accidents de la route ou des risques sanitaires. La pandémie actuelle donne lieu à des comptages quotidiens des personnes touchées, guéries, décédées et des cas actifs. On compare avec les projections établies, etc.
Une grande part de l’économie repose d’ailleurs sur la protection des risques et les sociétés d’assurance comptent parmi les entreprises les plus profitables : on assure aujourd’hui son véhicule, sa maison, sa santé, parfois celle de son chien, ses vacances, son téléphone et même sa vie.
Bref, le risque est partout. Et en même temps, on n’a pas toujours une vision bien claire de ces risques et elle celle-ci ne correspond pas toujours à la réalité.
C’est ce qui est bien décrit dans ce document :
Alors que l’insécurité est depuis quelques années une préoccupation majeure des français, voire un thème politique sur lequel l’extrême-droite fait campagne, le risque d’agression, et notamment d’agression physique est en réalité bien faible si on le compare… au risque de se casser un poignet en tombant dans la rue par exemple. Ou la cheville en tombant d’un tabouret pour changer une ampoule. Ce qu’on appelle, les accidents domestiques.
Sans enlever d’importance à la lutte contre les accidents de la route, il faut souligner que les accidents de la vie quotidienne sont bien plus meurtriers, tout comme les suicides qui occupent bien moins les médias.
La perception du risque peut donc être assez éloignée du risque réel. Mais elle peut également varier selon les caractéristiques des individus, entrainant des comportements et une exposition différente.
B. Différentes expositions au risque
Je l’ai mentionné plus haut, certaines catégories de population sont plus exposées au risque, soit qu’elles s’exposent elles-mêmes volontairement (on dit alors qu’elles ont des conduites à risque), soit qu’elles aient moins conscience du risque, soit enfin parce que leurs caractéristiques sociales font qu’elles sont plus exposées à certains risques.
La mortalité routière nous permet de faire un premier constat allant dans ce sens :
Il apparaît clairement sur ce graphique que la mortalité sur la route touche bien plus les hommes que les femmes et que, chez les hommes, la mortalité routière est étroitement corrélée à l’âge. Ce sont avant tout les comportements à risque, comme la vitesse ou la consommation d’alcool, qui sont plus fréquents chez hommes que chez les femmes et chez les jeunes que chez les personnes plus mûres.
Ça n’apparaît pas sur le graphique mais chez les hommes, ce sont avant tout les jeunes hommes issus des catégories populaires et rurales qui sont les plus touchés. On y possède un véhicule plus tôt, celui-ci étant essentiel pour se déplacer, notamment pour les activités festives (sorties en boîte de nuit), signe d’indépendance et la vitesse y est davantage une manière de s’affirmer que dans les milieux favorisés. Par ailleurs, on y souvent moins sensible au danger, ce qui est aussi une manière d’affirmer sa virilité.
On ne roule évidemment pas de la même manière à 45 ans, avec 2 enfants sur la banquete arrière même si l'on peut s'offrir une voiture plus puissante et la prudence augmente avec l'âge, tout comme la fréquence des déplacements.
Les femmes, elles, sont souvent plus prudentes, ce qui correspond à leur socialisation et aux normes correspondant à leur genre.
D’une manière générale et sur le plan économique, on peut souligner que différentes catégories de population n’ont pas la même aversion au risque, c’est-à-dire la même attitude face à une possibilité de perte ou de gain selon qu’elle est certaine ou incertaine. Le document suivant vous permet de comprendre cette notion et d’évaluer votre aversion au risque :
Alors ? aversion ou propension au risque ?
Cette notion va être utile pour comprendre le comportement des épargnants. Si les français placent la plupart de leur épargne sur des comptes peu rémunérateurs mais sans risques (comme Livret A), c’est par aversion au risque. Ils pourraient gagner bien plus en achetant des actions ou obligations d’entreprises mais ils risqueraient alors également de perdre une partie de leurs fonds. On parle d'un placement de "bon père de famille" pour un placement sûr, raisonnable, de long terme. Ca paraît prudent, mais d'un point de vue économique, ça n'est pas de nature à financer des activités novatrices et donc par nature risquées. Si tout le monde est averse au risque, il n'y a pas d'entrepreneurs...
De la même manière, on avait vu que les Etats pouvaient emprunter à des taux négatifs : ceux qui leur prêtent préfèrent perdre un peu mais de manière certaine, que de risquer de perdre un peu plus ou un peu moins (voire de gagner !) de manière incertaine. On est ici à la frontière entre l’économie et la psychologie.
Enfin, l’exposition au risque peut simplement dépendre de nos caractéristiques sociales sans que n’interviennent des facteurs psychologiques.
C’est le cas par exemple du risque d’être au chômage comme cela apparaît sur le tableau suivant :
Je vous laisse répondre aux 4 questions pour la semaine prochaine.
Nous verrons alors comment on peut gérer, minimiser et partager les risques en société pour en réduire le coût individuel et social.
Bonne semaine !
Seconde - Socialisation - l'essentiel du cours
Qu'est-ce que la socialisation?
Les comportements humains c'est-à-dire nos manières d'être, de dire, de ressentir, de penser, de communiquer et d'agir en société nous nous viennent pas naturellement. Nous venons au monde dans des sociétés complexes auxquelles nous devons nous adapter pour être intégrés.
C'est la socialisation qui fait de nous des êtres sociaux capables d'être acceptés par les autres et de jouer un rôle dans la société.
Nous avons défini la socialisation comme le processus d'apprentissage et d'intériorisation des normes, des valeurs et des rôles qui régissent et rendent possible la vie en société. Ses deux fonctions essentielles sont de favoriser l'adaptation de chaque individu à la société et de maintenir un certain degré de cohésion entre ses membres.
I. Normes, valeurs et rôles : le contenu de la socialisation
• Les valeurs sont des idéaux collectifs, elles définissent ce qui importe et est valorisé dans une société. C'est au nom de nos valeurs que nous émettons des jugements sur les comportements des autres et sur les nôtres, c'est elles qui nous permettent de distinguer le bien du mal. Les valeurs nous paraissent toujours être personnelles mais nous ne les inventons pas, on nous les transmet. Les valeurs sont des principes abstraits.
• Les normes découlent des valeurs. Ce sont des règles, formelles (loi) ou informelles (politesse), qui prescrivent ou interdisent certains comportements. Le non respect des normes entraine des sanctions négatives (justice, réprobation, moquerie), leur respect peut donner lieu à des sanctions positives (Légion d'Honneur, Félicitations, bon point...). Ces sanctions jouent un rôle dans le respect des normes mais généralement, nous n'avons pas l'impression d'avoir à adopter des comportements qui nous sont imposés car nous les avons intériorisées, ce sont devenues des règles auxquelles nous tenons et que nous faisons éventuellement appliquer par les autres.
II. Acteurs et mécanismes de la socialisation
A. Inculcation, imitation et interactions: les mécanismes de la socialisation
On peut distinguer trois mécanismes par lesquels sont imposés ou appropriés les normes, valeurs et rôles.
• L'inculcation: il s'agit d'imposer par la répétition et la sanction un certain nombre de comportements. C'est particulièrement le cas au sein de la famille et de l'école pour les jeunes enfants. Dans ce cas, l'individu est passif, on lui impose les normes du dehors.
• L'imitation: les individus imitent et observent les comportements et les rôles joués par ceux qui les entourent. C'est ce que nous faisons automatiquement lorsque nous nous trouvons dans une situation nouvelle. Les jeux de rôle auxquels se livrent les enfants en sont un bon exemple également: on joue à papa-maman, au docteur, à la vendeuse, etc... Dans ce cas, on est davantage actif.
• Les interactions: c'est à travers les échanges (notamment entre pairs) que nous prenons en compte les goûts ou idée des autres ou que nous affirmons les nôtres. Ici aussi, l'individu est acteur de sa socialisation.
B. Les acteurs qui interviennent: les instances de socialisation
On peut distinguer des instances dont la fonction essentielle est de socialiser les enfants (famille, crèche, école) et d'autres qui y participent mais dont ça n'est pas la fonction essentielle (groupes de pairs, associations,...).
• La famille joue un rôle fondamental en la matière car c'est, chronologiquement, le premier lieu de socialisation et celui dans lequel nous passons le plus de temps. L'intensité des échanges et le climat affectif dans lequel ils se déroulent rendent la socialisation familiale particulièrement efficace. C'est là que se déroule une grande partie de la socialisation primaire qui va déterminer la manière dont seront vécues les expériences futures. La force de la socialisation familiale transparaît notamment à travers la transmission des valeurs, des croyances ou pratiques religieuses et des opinions et comportements politique.
• L'école républicaine française a été mise en place à la fin du 19ème siècle avec l'objectif de former des citoyens français en diffusant des valeurs, des normes et des savoirs qui n'étaient pas forcément ceux diffusés dans les familles. Selon Durkheim, l'éducation a une fonction sociale et ne peut être laissée entièrement aux familles, soupçonnées d'enfermer l'enfant dans des croyances particulières qui divisent plutôt qu'elles ne rassemblent. Ainsi, l'école (et ses "Hussards Noirs de la République") insistait sur l'enseignement d'une histoire commune et de repères géographiques dépassant le village ou la région, sur la maîtrise de la langue française (contre les patois), sur la science (contre les superstitions et les religions), etc... L'école a toujours ce rôle aujourd'hui mais enseigne également les connaissances et compétences nécessaires à la compréhension du monde, à la poursuite des études et à la vie professionnelle.
• Les pairs (semblables) et les médias jouent également un rôle dans la socialisation, ce qui est particulièrement palpable chez les adolescents pour qui la pression du groupe est très importante. Les médias cociaux viennent aujourd'hui renforcer le poids du groupe de pairs.
III. La socialisation différentielle, les inégalités et leur reproduction
On parle de socialisation différentielle pour souligner les différences de socialisation qui peuvent exister en fonction du sexe de l'enfant ou de son milieu social.
A. La socialisation genrée
• La construction du genre : le genre est une différence sociale qui s'ajoute à la différence biologique entre garçons et filles. Les rôles attendus d'un homme ou d'une femme sont différents, ce qui se traduit par une socialisation différente.
Dès l'annonce du sexe du bébé, des attitudes et des attentes différentes se mettent en place vis-à-vis de l'enfant, basées sur des stéréotypes. Cela passe par des éléments concrets comme la couleur des vêtements, la décoration de la chambre, les jouets offerts... mais également par une manière d'agir et des attentes variables de la part des adultes vis-à-vis des filles et des garçons : on est plus doux avec une fillette (qu'on pense plus fragile) qu'avec un garçonnet, certains comportements sont encouragés ou découragés (pleurer pour un garçon, chahuter pour une fille), les activités proposées sont différentes... Les enfants ont évidemment tendance à imiter le parent qui a le même sexe qu'eux et à vouloir lui ressembler, ce qui lui permet de construire et de revendiquer une identité masculine ou féminine. Il y a donc une tendance à la reproduction des rôles parentaux (le ménage pour les filles, le bricolage pour les garçons). Cette socialisation genrée détermine en partie l'univers des possibles en termes de métiers (certains sont fortement connotés comme des métiers masculins ou féminins car impliquant des caractéristiques féminines ou masculines: les infirmières et assistantes sociales sont presque exclusivement des femmes, comme si la volonté d'aider l'autre était une qualité féminine. Les ingénieurs sont presque exclusivement des hommes comme si la rigueur scientifique et technique était une qualité masculine.) mais ce n'est pas le problème principal qui est celui des inégalités.
Alors que les filles réussissent scolairement mieux que les garçons, elles sont moins nombreuses que les garçons dans les filières les plus prestigieuses et les plus compétitives, phénomène constaté également dans le milieu professionnel. Les sociologues constatent que l'éducation différentielle des filles et des garçons aboutit à une tendance à la sous-estimation de leurs capacités par les filles et à une surestimation des leurs par les garçons. Les filles s'interdisent certaines filières pensant ne pas être à la hauteur.
Pour compléter, voici un excellent documentaire qui explique bien ce mécanisme et ses effets sur les inégalités hommes-femmes :Bienvenue dans la vraie vie des femmes
B. La socialisation différentielle selon le milieu social
• La reproduction des inégalités sociales
La force de la socialisation primaire se traduit également par la transmission aux enfants d'un capital culturel (c'est l'ensemble des ressources culturelles mobilisables par un individu): les connaissances dont on peut hériter dans sa famille, les bien culturels dont on peut disposer mais également les manières de dire, voir, ressentir, les goûts et comportements propres à son milieu d'origine.
C'est ce que nous avons étudié à l'aide d'un exemple très particulier de socialisation différentielle, un dispositif de socialisation propre à la Haute Bourgeoisie parisienne : les rallyes. Partie 1 Partie 2
Mais en fonction de leur milieu social, les enfants héritent également d'un "capital culturel" variable en contenu et en quantité. On constate que les enfants issus des parents les plus diplômés et donc des Catégories Socio-Professionnelles les plus élevées ont des pratiques culturelles plus fréquentes et plus proches de la culture savante qui est celle de l'école (lecture, théâtre, musées...) que les enfants ayant des parents peu diplômés.
Exercice: En vous aidant de la note de lecture située sous le tableau faites une phrase avec le chiffre 80 entouré en rouge dans le tableau. Comparez ce chiffre à celui de la note de lecture.
Faites la même chose avec les chiffres concernant les sorties au musée, exposition et monuments historiques (3ème colonne) pour les mêmes catégories de personnes (une phrase avec chaque chiffre et une comparaison). Faites un constat sur ce que montre le tableau en commençant vore phrase par "plus les parents sont diplômés..."
Pierre Bourdieu, un sociologue français, y voitait un élément explicatif des différences de réussite scolaire des enfants en fonction de la PCS et du niveau d'étude de leurs parents que nous avons établi à partir du tableau suivant.
Notes moyennes en français et en mathématiques aux évaluations d'entrée en sixième selon la catégorie socioprofessionnelle du père.
Notes moyennes en 2004 (1) |
Notes moyennes en 2008 (1) |
||||
Français |
Mathématiques |
Français |
Mathématiques |
||
Cadres et professions libérales |
75,3 |
76,1 |
67,0 |
76,3 |
|
Professions intermédiaires |
69,0 |
69,2 |
61,2 |
67,2 |
|
Agriculteurs exploitants |
58,3 |
59,9 |
57,3 |
67,0 |
|
Employés |
65,6 |
64,9 |
57,1 |
64,1 |
|
Artisans, commerçants |
64,2 |
65,1 |
57,2 |
63,6 |
|
Ouvriers |
58,7 |
57,8 |
53,2 |
59,9 |
|
Rapport Cadres / Ouvriers |
1,28 |
1,32 |
1,26 |
1,27 |
(1) : Score moyen sur 100. |
Note : Ces indicateurs appartiennent à la liste des indicateurs préconisés par le rapport "Niveaux de vie et inégalités sociales" du CNIS. |
Source : Insee, 2009.
Les notes des élèves semblent influencées par leur milieu social et dès la sixième, les enfants de cadres réussissent mieux que les enfants d'ouvriers ou d'employés. Pour Bourdieu, le capital culturel des enfants issus des catégories sociales les plus favorisées est proche de la culture scolaire, ce qui agit comme un élément favorisant l'adaptation des enfants aux attentes de l'institution scolaire (attitudes, maîtrise des normes scolaires, connaissances préalables). L'effet est inverse pour les enfants issus de catégories sociales les moins favorisées dont la culture familiale est éloignée de la culture scolaire et qui intériorisent par ailleurs que leurs chances de réussite sociale sont plus limitées: les professions qui leur paraissent atteignables dépendent de celles de leurs parents et de leur entourage.
La socialisation est donc différentielle selon le milieu social, elle crée à la fois des différences et des inégalités.
Seconde - Production - L'essentiel du cours - Partie 3
3. la croissance économique, un phénomène récent et inégalement réparti
- connaître les grandes tendances mondiales [de la croissance économique] sur plusieurs siècles
L’augmentation du PIB permet à la population de s’enrichir et de combler de mieux en mieux ses besoins à condition qu’elle soit soutenue et durable dans le temps, c’est ça qu’on appelle la croissance économique.
Ce graphique permet de souligner 2 aspects intéressants de ce phénomène :
- C’est un phénomène récent : jusqu’au milieu du 19ème siècle la production globale ne croit pas ou peu. Ou plutôt, elle ne croit qu’un an sur deux ou trois, puis baisse et retrouve son niveau précédent. Une des explications qu’on peut mobiliser est que les économies sont alors principalement agricoles et dépendantes des conditions climatiques. Un hiver très froid et long ou un été très sec et c’était la catastrophe. Ce sont les innovations (le progrès technique) et le développement du secteur secondaire (avec la révolution industrielle) qui vont venir modifier les choses.
- Mais pas partout au même moment et c’est le second constat qu’on peut faire. Si le décollage se situe en 1850 pour les pays occidentaux (1950 pour le Japon), avec une accélération de la croissance après la seconde guerre mondiale, le décollage est plus tardif pour les pays « émergents » que sont la Chine ou le Brésil et il n’est pas encore assuré en Afrique comme le montre l’exemple du Congo.
D’ailleurs, personne n’est à l’abri d’une crise économique et d’une baisse de son PIB : les années 30 aux USA suite au krach de 29, la seconde guerre mondiale en Europe, partout en 2008-2009 en raison de la crise des Subprimes. Et il faudra aussi ajouter 2020 !
Autant de périodes de baisse de la production et d’augmentation du chômage.
4. Les imperfections du PIB
- Savoir que le PIB est un indicateur global qui ne rend pas compte des inégalités de revenus.
- Connaître les principales limites écologiques de la croissance.
Jusqu’ici, on a surtout souligné le caractère souhaitable et positif de la croissance. Qui ne souhaiterait pas qu’on ait toujours accès à plus de biens de biens et de services, à plus de richesses ?
Pourtant, le PIB est un indicateur imparfait, à la fois parce qu'il mesure de façon imparfaite les richesses créées mais aussi parce que la croissance a des conséquences néfastes auquel le PIB est aveugle.
C’est ce qui apparaît dans la fin de la vidéo vue la fois précédente : ici, à partir de 3min55.
Quels sont ces défauts ?
Exercice:
A partir des éléments de la vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=mcMJyHmjvv4) et des documents 3 et 4 P35 de votre manuel, complétez la synthèse du chapitre (texte à trou) que vous trouverez ici:
Bonus: vous pouvez aussi visonner cette vidéo sur le destin tragique de l'île de Nauru dont les habitants ont été à une époque parmis les plus riches du monde en PIB/habitant : https://www.dailymotion.com/video/x7nxdt
Seconde - Production - L'essentiel du cours - Partie 2
B. La mesure de la richesse produite dans un pays : le PIB et ses limites
S’il y a plusieurs indicateurs pour mesurer la performance économique d’une entreprise, c’est plus simple pour un pays : on utilise principalement un indicateur (malgré ses imperfections dont on parlera en fin de chapitre). Pour mesurer la richesse produite au cours d’une année dans un pays, on additionne toutes les richesses produites par l’ensemble des producteurs présents sur son territoire pour obtenir son Produit Intérieur Brut, son PIB.
Pour voir de quoi il s’agit, commencez par regarder cette vidéo jusqu’à 3min15, c’est ce que nous allons développer et expliquer ensuite.
https://www.youtube.com/watch?v=mcMJyHmjvv4
1. Le Produit Intérieur Brut (PIB)
C'est l'indicateur le plus couramment utilisé en économie. De quoi s'agit-il ?
a) Définition et calcul:
- Le produit intérieur brut mesure la richesse nouvelle créée sur le territoire d'un pays pendant un laps de temps donné, généralement un an
Pour calculer le PIB, on additionne la richesse créée dans le cadre des productions marchandes par les entreprises (le PIB marchand) et la richesse générée par les productions de services non marchands des administrations publiques et des associations (le PIB non marchand).
- Le PIB marchand s'obtient en additionnant les Valeurs Ajoutées des entreprises.
Rappel : VA = Chiffre d’Affaire - Consommations Intermédiaires
- Comme il n'est pas possible de mesurer la Valeur Ajoutée des productions non-marchandes (on sait que leur prix de vente est nul ou non significatif), on additionne les coûts de production des Administrations et associations pour obtenir le PIB non-marchand. Le traitement (salaire) des fonctionnaires est donc comptabilisé dans le PIB non-marchand.
Application : Exercice à faire (pas de rendu attendu)
Word
b) Pourquoi s'intéresser au PIB ?
- Il permet de faire des comparaisons au niveau international: on peut le calculer pour tous les pays de la même manière. Cela permet de savoir quels sont les pays qui produisent annuellement le plus de richesses sur leur territoire et donc leur importance dans l'économie mondiale.
Cette carte du FMI fait apparaître les pays de différentes couleurs en fonction du niveau de leur PIB en 2019, ce qui permet d'un coup d'oeil de ditinguer les pays en fonction de leur niveau de richesse.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c4/GDP_%28PPP%29_of_Countries.svg
Pour le détail, on peut se reporter à ce tableau qui nous donne les prévisions du montant du PIB des 10 plus importantes économies mondiales en milliards de dollars.
Classement PIB Rang |
Pays |
PIB 2021 (milliards $) –prévisions du FMI |
1 |
Etats-Unis |
21 922 mds $ |
2 |
Chine |
16 493 mds $ |
3 |
Japon |
5 103 mds $ |
4 |
Allemagne |
4 318 mds $ |
5 |
France |
2 918 mds $ |
6 |
Royaume-Uni |
2 856 mds $ |
7 |
Inde |
2 834 mds $ |
8 |
Italie |
2 112 mds $ |
9 |
Canada |
1 763 mds $ |
10 |
Corée |
1 674 mds $ |
Source : Fonds Monétaire International
Ce tableau réalisé par le FMI classe les pays selon l'importance de leur PIB nominal estimé pour l'année 2021 (prévisions) et permet de comprendre pourquoi on peut décrire la France comme la cinquième économie mondiale: son PIB devrait être le 5ème PIB le plus élevé au monde avec un peu moins de 3000 milliards de dollars.
En 2018, voici ce qu’on peut trouver pour Maurice :
127 |
13,37 mds $ |
Le PIB de Maurice devrait donc s’élever à un peu plus de 13 Milliards de dollars.
Mais prise individuellement, cette donnée n’a pas beaucoup de sens. Maurice compte 1,3 millions d’habitants soit 1000 fois moins que la Chine. Si on divise le PIB de chaque pays par son nombre d’habitants (le PIB/habitant), on trouvera des chiffres assez similaires pour la Chine et Maurice.
Et c’est bien là l’intérêt du calcul : connaître le niveau de richesse dont les habitants d’un pays peuvent disposer grâce à la production réalisée.
- Mais le PIB est également intéressant au niveau intérieur car il permet aux gouvernements et aux économistes de prévoir:
->le niveau des revenus distribués dans l'économie. La valeur ajoutée des entreprises (et donc le PIB marchand qui les additionne) est distribuée sous forme de revenus du travail et du capital. Si le PIB augmente, on distribue davantage de revenus dans l'économie et on peut consommer davantage. C'est plutôt positif !
-> le niveau de l'emploi. Si le PIB augmente, c'est qu'on a produit davantage et donc qu'il a peut-être fallu embaucher des travailleurs supplémentaires. A l'inverse, une baisse du PIB (on parle d’une récession ou de crise économique) implique presque toujours des licenciements.
-> le niveau des impôts prélevés: Si l'on produit davantage, les impôts sur les entreprises seront plus élevés. De la même manière, plus il y a de revenus distribués, plus les recettes fiscales seront importantes (impôts sur le revenu, TVA lorsque les ménages dépensent leurs revenus). L’État pourra donc financer davantage de projets ou réduire son déficit. Voire augmenter les professeurs... :)
D'une manière générale, l'évolution du PIB permet de connaître l’État de santé de l'économie d'un pays.
C'est bien pour cela qu'on s'intéresse à la croissance du PIB !!!
2. La croissance du PIB
La croissance, c’est l’augmentation du PIB et donc de la production réalisée dans un pays. C’est un indicateur important puisque la croissance de la production correspond à la croissance des revenus qui correspond à la croissance des dépenses réalisables.
a) le calcul de la croissance
La croissance (on parle de croissance ou de croissance économique ou croissance du PIB, c'est la même chose), c'est la variation du PIB exprimée en % (généralement d'une année sur l'autre).
Lecture : Si on dit qu'en 2013, la croissance française a été de 0,4%, cela veut dire que le PIB de la France a augmenté de 0,4% par rapport au PIB de 2012.
Le taux de croissance est un simple taux de variation du PIB.
La formule à utiliser est donc la suivante :
(Valeur d’arrivée – valeur de départ) / valeur de départ x 100 ou (VA-VD) /VD x100
Adapté à la croissance économique, voici ce que cela donne :
Si le PIB d’un pays était de 1354 M de dollars en 2018 et qu’il s’élevait à 1402 M de dollars en 2019, son taux de croissance a été de (1402-1354)/1354 x 100 soit 3,54% en 2019.
Formulé autrement, entre le 2 années, son PIB a augmenté de 3,54%
Si le résultat trouvé est négatif, c’est que le PIB a baissé entre ces deux dates, on a moins produit que l’année précédente.
A vous !
Exercice à faire et à me rendre via pronote
Word
b) Croissance du PIB en valeur et du PIB en Volume:
Lorsqu’on s’intéresse aux chiffres du PIB, on peut avoir affaire à plusieurs appellations. Si je m’intéresse aux chiffres du PIB pour une année précise, je peux me contenter du PIB en Valeur (ou PIB nominal ou PIB à prix courants, les 3 expressions sont équivalentes). C’est le PIB du pays calculé avec les prix de l’année en cours.
Mais dans de nombreux documents vous verrez qu’on parle de croissance du PIB en volume (ou PIB réel ou PIB à prix constants). En effet, ce qui nous intéresse, c’est la manière dont évoluent les quantités produites. Or l’augmentation des prix, qui entre dans le calcul de la VA, peut fausser la variation du PIB en valeur.
Pour corriger ce biais (=ce défaut) on peut calculer le PIB en Volume (ou PIB à prix constant ou encore PIB Réel) en utilisant les prix de l'année précédente (ou de quelques années en arrière) ou tout simplement retirer le taux d’inflation au taux de croissance obtenu. On dit qu’on déflate, c'est-à-dire qu'on retire les effets de l'inflation.
Exemple:
Avec un pays imaginaire qui produirait uniquement des voitures.
En 2000, il produit 200 voitures vendues chacune à 10 000 €. Imaginons qu'il n'y ait pas de CI car il produit lui-même tous les composants nécessaires.
Son PIB en valeur (ou nominal ou à prix courants) est de 2 000 000 €.
En 2010, le pays produit 250 voitures mais les prix ont augmenté et elles se vendent désormais à 12 000 €.
Son PIB en valeur (ou aux prix courants de l'année) est désormais de 250 X 12 000 = 3 000 000 d'€
Son PIB en valeur a donc progressé de 1000 000 d'€ en 10 ans. Mais cette progression compte à la fois l'effet de l'augmentation de la production et celle des prix.
Pour avoir un résultat plus juste, il faudrait calculer le PIB de 2010 avec les prix de 2000. On parlera alors de "PIB à prix constants 2000":
250 X 10 000 = 2 500 000 €. C'est un PIB en volume ou PIB réel.
Le PIB a bien augmenté, mais moins que selon le premier mode de calcul.
C’est bien expliqué dans cette vidéo (jusqu’à 1mn40).
https://www.youtube.com/watch?v=gITVXse_2Sk
C’est tout pour cette semaine, mais c’est déjà pas mal… Il nous restera à étudier un peu plus en profondeur l’intérêt et les limites du PIB lors de la séance prochaine.
Seconde - Production - l'essentiel du chapitre
Que produit-on et comment peut-on le mesurer ?
I. Qu'est-ce que la production ?
Le développement d’un pays et le bien-être de ses habitants repose en grande partie sur sa capacité à créer des richesses. C’est pour cela que les économistes s’intéressent à la production des différents pays (à travers leur PIB) et à son évolution. La production est l’activité humaine d’élaboration de biens et de services qui permet de répondre aux besoins des individus. Dans les sociétés modernes, il nous est impossible de produire nous-mêmes la totalité de ce que nous consommons et un grand nombre d’acteurs interviennent dans le processus de production en utilisant à la fois de la force humaine et des outils. Qui sont-ils ? Comment font-ils ? Comment mesure-t-on leur activité ? Quel problème pose cette mesure ?
A. Qui produit ?
On peut distinguer 3 types d'organisations productives en fonction de leur objectif, de leur statut et de leur financement.
- Les entreprises : ce sont des entités spécialisées dans la production d’un ou de plusieurs biens ou service et qui ont un objectif de rentabilité : elles cherchent à faire du profit pour enrichir leur(s) propriétaire(s). C’est le cas des entreprises privées qui appartiennent à des particuliers. D’autres entreprises sont publiques car elles rendent un service essentiel et peuvent alors bénéficier de subventions publiques. Enfin d’autres entreprises ont également une dimension sociale : on parle de l’économie sociale et solidaire (ESS). Les entreprises réalisent une production marchande : elles vendent des biens ou des services à un prix supérieur au coût de production. Ça n’est pas le cas des administrations et associations qui produisent des services non marchands.
- Les administrations (celles de l’Etat ou de la commune) répondent à une bonne partie des besoins essentiels de la population : santé, éducation, sécurité par ex. Les services sont réalisés par des fonctionnaires et sont généralement gratuits ou presque pour être accessibles à tous. Ils sont financés par les impôts.
- Les associations produisent également des services non-marchands (gratuits ou presque). Ils sont produits par des bénévoles et financés par des subventions ou des dons et les cotisations des membres. Les associations produisent des services pour leurs membres (club sportif), pour une cause (Greenpeace) ou en faveur d’une population défavorisée (les Resto du cœur). On dit qu’elles ont un but non lucratif car même si elles réalisent des bénéfices, ils ne sont pas distribués aux membres (mais elles peuvent avoir des salariés et réaliser des activités commerciales).
B. Que produit-on ?
Ici, on peut faire une distinction simple entre les biens (B) et les services (S): les biens sont matériels et stockables, on peut les consommer plus tard.
Par exemple, un téléphone portable, une chaise, une tablette de chocolat ou une voiture.
Les services sont immatériels, produits au moment de leur consommation, ils consistent en la mise à disposition d'une capacité technique ou intellectuelle.
Par exemple : une course en taxi, une coupe de cheveux chez le coiffeur, une retouche sur un vêtement ou encore le conseil d'un avocat.
Les services peuvent être marchands ou non marchands comme on l’a vu plus haut.
Vous payez votre forfait internet ou data, votre abonnement à netflix ou votre billet d'avion à un prix qui permet au producteur de réaliser des bénéfices. Ce sont des services marchands.
Par contre, un soin à l'hopital, la scolarité dans une école publique ou une intervention des pompiers pour pomper l'eau en cas d'innondation sont des services non-marchands qui sont réalisés gratuitement (ou presque).
C. Comment produit-on ?
Comme le montre cette vidéo, on a besoin dans toute production de travail humain, d’outils (ou de machines) et de matériaux.
https://www.youtube.com/watch?v=e4z2jtNZQqw
On distingue en économie les consommations intermédiaires, ce que l’entreprise consomme pour produire et qui va être détruit ou transformé dans le processus (le sable pour faire du béton, la colle, le bois et la laque ici) et les facteurs de production.
Les facteurs de production servent pendant plusieurs cycles de production. C’est d’un côté le facteur travail avec les salariés de l’entreprise et de l’autre, le facteur capital : les bâtiments, les machines, les outils, véhicules ou ordinateurs utilisés.
C’est parce qu’on a besoin de ce facteur capital qu’il faut trouver des capitaux (de l’argent) pour entreprendre. Les facteurs de production peuvent être substituables si on peut remplacer l'un par l'autre ( un travailleurs par une machine) ou complémentaires si la variation de la quantité de l'un suppose aussi la variation de l'autre dans le même sens.
L'entreprise cherche à produire à moindre coût pour réaliser davantage de profit. Elle va donc calculer quelle est la quantité de travailleurs et de machines utilisés qui lui coûtent le moins cher. Le prix des deux facteurs de production est donc déterminant pour déterminer la combinaison productive la plus efficace.
Mais l’efficacité de la production repose aussi sur la productivité. Elle mesure l’efficacité des facteurs de production. Il s'agit du rapport entre la production réalisée (en valeur ou en volume) et le nombre de travailleurs utilisés.
Par exemple, dans une usine où on produit 1000 voitures par jour avec 80 employés, la produtivité de chaque employé est de 1000/80 soit 12,5 voitures.C'est la productivité en volume.
On peut calculer cette productivité en valeur en multipliant ce chiffre par le prix des voitures. Si chaque voiture coûte 15000€, chque employé produit chaque jour une valeur de 187 000€.
On peut augmenter cette productivité en formant ou en motivant les salariés mais également grâce au progrès technique : l’ensemble des innovations qui permettent de rendre la production plus efficace.
Par exemple :
- Mettre au point de nouvelles machines plus efficaces
- Réorganiser le travail (comme Ford avec le travail à la chaîne et la spécialisation des ouvriers)
II. Comment mesurer la richesse produite ?
On l'a dit en introduction du chapitre, ce qui nous intéresse ici, c'est la production de richesses. Ces richesses sont mesurables de différentes façons. Il faut différencier par exemple la mesure de la production dans une entreprise ou dans un pays.
A. La mesure des richesses dans une entreprise
Il y a plusieurs indicateurs qui nous renseignent sur ce que produit une entreprise.
On peut penser d’abord au Chiffre d’affaire (CA), c’est-à-dire au total de ses ventes. C'est ce qu'il y a en plus dans le tiroir caisse d'une boutique par exemple à la fin de la journée. Si un vendeur de chaussures a vendu 20 paires à 80€, son chiffre d'affaire est de 1600€ (20x80€). Généralement, c’est bon signe s’il augmente (on vend plus ou plus cher).
Vous trouverez ici les entreprises qui réalisent les plus gros chiffres d'affaires au niveau mondial:
Walmart est une entreprise de la grande distribution américaine,State Grid, Sinopec group et China National Petroleum sont des entreprises chinoises spécialisées dans le domaine de l'energie comme Shell, BP et Exxon qui sont des producteurs de Pétrole. On a également dans le classement 2 constructeurs automobile. A la date du tableau, Apple se situait en 11ème position.
Mais, le CA ne dit pas si l’activité est rentable et notre vendeur de chaussures serait mal avisé de prendre chaque soir ce qu'il y a dans sa caisse pour ses dépenses personnelles.
Par exemple, Amazon a réalisé longtemps un chiffre d'affaire conséquent, sans pour autant faire de bénéfices, ce qu'explique bien cet extrait vidéo de 2015.
Autre exemple, le voyagiste Thomas Cook réalisait un chiffre d’affaire de 10 milliards de livres au moment de sa faillite en 2019. Mais ses revenus étaient insuffisants pour rembourser ses dettes…
Le second indicateur qu’on utilise, c’est la Valeur Ajoutée (VA) : la différence entre le prix du produit et le coût des matériaux utilisés (les consommations intermédiaires dont nous avons déjà parlé). C’est la valeur de la richesse nouvelle créée par l’entreprise.
Pour mesurer la Valeur ajoutée (VA), on retire donc le coût des consommations intermédiaires (CI) au chiffre d'affaire (CA):
VA = CA – CI
La vidéo suivante montre bien pourquoi l'iphone est une bonne affaire pour Apple mais aussi pourquoi l'entreprise ne gagne pas 999 dollars par appareil !
C’est la Valeur Ajoutée qui permet de rémunérer les facteurs de production = les salaires des travailleurs et les dividendes pour les actionnaires.
Application: Répondre aux questions du document 3 P33 de votre manuel.
La VA permet donc de mesurer la valeur ou la richesse produite par l'activité d'une entreprises (création ou production, transformation ou commercialisation ou parfois tout à la fois). Mais elle ne nous renseigne pas encore sur ce que le ou les propriétaires des entreprises ont gagné au passage.
Pour savoir cela, il faut calculer le bénéfice (ou le profit) que l'entreprise a réalisé.
On retire alors à la valeur ajoutée le coût du facteur travail: les salaires et les cotisations sociales versées pour les salariés (c'est ce qui finance l'assurance maladie, les retraites, l'assurance chômage...).
Si l'on s'intéresse aux entreprises qui réalisent le plus de bénéfices au niveau mondial, on trouve un panorama bien différent du tableau précédent.
On trouve sur le haut du podium des fabricants de matériel electronique, des banques et un fabricant de cigarettes...
Reste à savoir quoi faire de ces bénéfices !
D'abord, rémunérer le facteur capital : on va verser des dividendes aux actionnaires qui ont apporté des capitaux à l'entreprise en achetant des actions mais aussi rembourser les emprunts réalisés auprès des banques.
Ce qui reste constitue l'épargne de l'entreprise qui peut être investie (dans de nouvelles machines par exemple ou pour s'agrandir) ou placée, conservée pour plus tard.
A chaque étape, l'enreprise paie également des impôts.
La valeur ajoutée et son partage apparaissent sur ce shéma:
Application: faire l'exercice joint et me l'envoyer via pronote.