Seconde - Chapitre 4 - Quelle relation entre diplôme et emploi ? - Semaine 1
Chapitre 4: Quelle relation entre diplôme et emploi ?
Objectifs d'apprentissage:
- Comprendre que la poursuite d’études est un investissement en capital humain et que sa rentabilité peut s’apprécier en termes de salaire escompté, d’accès à l’emploi et de réalisation de ses capabilités.
- Savoir que le manque de qualification est une cause du chômage.
- Comprendre que le salaire est déterminé par le niveau de formation.
- Savoir qu’à niveau de diplôme égal, le salaire peut varier selon différents facteurs notamment l’expérience acquise, le type d’entreprise, le genre.
- Comprendre que les chances d'accès aux formations diplômantes sont socialement différenciées.
Maintenant que nous en savons un peu plus sur le fonctionnement de l’économie, de la société et du monde politique, nous pouvons nous intéresser à la manière dont on peut utiliser plusieurs sciences sociales pour analyser un même « objet » (ou thème) et croiser les regards et les outils.
Ce thème, c’est celui de l’emploi et plus particulièrement de la relation entre le diplôme et l’emploi. L’idée, c’est aussi de monter ici l’utilité d’un regard scientifique sur le monde social, basé sur des données statistiques et des raisonnements rigoureux.
En guise d’introduction, on peut se demander : un diplôme, pourquoi faire ?
On a tous des éléments de réponses à cette question. Si vous êtes au lycée, ça n’est pas uniquement parce que vos parents vous y obligent. D’ailleurs après 4 semaines de confinement, j’imagine que vous êtes nombreux à vouloir y revenir… Pour voir vos amis ? Ok, aussi…
Mais vous avez sans doute également des ambitions pour l’avenir. Aller à l’école, on a vu dans le chapitre 2 que c’est important du point de vue de la socialisation primaire dans les petite classes mais qu’on y acquiert aussi des compétences spécialisées qui nous seront utiles par la suite et qui font partie de la socialisation secondaire.
Le lycée, c’est une étape dans votre parcours de formation qui permet d’acquérir des connaissances et des compétences méthodologiques qui vous seront utiles dans le cadre de vos études. Et ces études, elles vont vous ouvrir les portes du monde professionnel, elles doivent vous conduire à un emploi.
Mais est-ce si simple ?
Regardez la vidéo suivante qui présente les difficultés d’insertion professionnelle d’une jeune diplômée et trouvez les réponses aux questions qui suivent :
Quel est le niveau de diplôme de Pauline ?
Dans le reportage, qu’est-ce qui manque à Pauline pour obtenir un emploi ?
Quelles conséquences pour elle ?
https://www.youtube.com/watch?v=4eN69ggKQg0
Pauline a un master 2, elle a donc fait 5 ans d’études après son bac.
Selon les postes et malgré son diplôme il lui manque souvent : soit de l’expérience, soit un concours pour avoir accès aux postes dans la fonction publique, de meilleures capacités à se valoriser à l’oral ou encore un réseau (des relations).
Donc le diplôme seul n’est pas forcément suffisant pour obtenir un poste dans des domaines où l’on est en concurrence avec beaucoup d’autres diplômés, surtout si les débouchés sont limités comme c’est le cas dans son domaine.
Et on connait tous quelqu’un (ou quelqu’un qui connaît quelqu’un) qui a réussi sans diplômes.
Est-ce que ça signifie que le diplôme ne sert à rien ?
Vous vous en doutez, c’est plus compliqué que ça… Et on va donc prendre le temps d’y répondre.
I. Le diplôme, un investissement pour l’avenir.
Comme c’est suggéré par le titre, étudier, c’est une forme d’investissement. Ca consiste à faire des efforts, à renoncer à des revenus immédiats et souvent à dépenser de l’argent pour en récolter les fruits plus tard.
Mais quels sont ces fruits ?
D’abord, étudier va nous permettre d’acquérir des savoirs, des compétences qui vont nous rendre plus efficaces, plus productifs.
Du point de vue d’un individu qui poursuit ses études, d’une entreprise qui forme ses salariés ou d’un Etat qui augmente le niveau d’éducation de sa population, l’effet attendu, c’est l’augmentation de ce que les économistes appellent le « capital humain »: l'ensemble des savoirs et es savoirs-faire qui permettent d'augmenter l'efficacité du système productif. Cette idée est reprise dans le texte (doc3 P 109) qui suit qui détaille ce qu’on peut attendre d’une année d’étude supplémentaire.
Selon le texte, d'un point de vue individuel, on peut en attendre des revenus supplémentaires, une promotion et/ou une carrière plus intéressante. On pourrait ajouter : plus de responsabilités, l'accès à des fonctions particulières, etc…
Mais est-ce vérifié ?
Le document (doc2 P 108) qui suit présente le salaire médian des jeunes (celui qui sépare l’effectif en 2, la moitié gagne plus, la moitié gagne moins) par niveau de diplôme.
Ici, la corrélation positive qui apparaît est claire : le niveau de rémunération augmente avec le niveau de diplôme puisque qu’on constate que le salaire médian croit avec les années d’études.
Celui des non diplômés est de 1278€ par mois soit 400€ de moins que le salaire médian des diplômés du supérieur. Le salaire médian des diplômés d’une école d’ingénieur est presque deux fois plus élevé.
Mais tous les master ne se valent pas de ce point de vue. 5 ans d’études ont un meilleur rendement (salarial) dans des filières scientifiques ou commerciales que dans les sciences humaines (pas qu’elles soient moins formatrices mais elles ne débouchent pas sur les mêmes emplois…).
La relation entre le niveau de diplôme et le salaire est donc partiellement vérifié mais est-ce le seul avantage d’un niveau de diplôme élevé ?
Sur le tableau qui suit, on peut lire le taux de chômage et la part des travailleurs qui occupent un emploi temporaire (instable, de courte durée) selon le niveau de diplôme pour les jeunes qui ont terminé leurs études depuis 1 à 10 ans.
On constate d’abord que le chômage touche fortement les moins diplômés. 38% des non diplômés et de ceux qui ont au maximum le brevet sont en recherche d’emploi. Et parmi ceux qui ont un emploi, seuls 60% ont un emploi stable. Le taux de chômage, tout comme la proportion de travailleurs qui occupent un emploi temporaire diminue ensuite avec le diplôme même si la situation est variable selon la filière.
Pour ceux qui possèdent une licence, le taux de chômage est de 9% et 18 % de ceux qui travaillent ont emploi instable. Les proportions sont à peu près les mêmes pour les titulaires d’un master. Le diplôme n’offre donc pas une protection absolue contre le chômage mais c’est une protection relative. Les titulaires d’une licence sont deux fois moins au chômage que les titulaires d’un bac général dans les 10 ans qui suivent la fin de leurs études et ils sont moins touchés par la précarité, c’est-à-dire par l’instabilité professionnelle (dont parle Pauline dans la vidéo du début).
Comment les choses évoluent-elles par la suite ?
Là encore, on peut observer une corrélation entre le niveau de diplôme détenu et la situation d’emploi chez les personnes âgées de 30 à 59 ans.
Seules 57,5% des personnes sans diplôme occupent un emploi en 2017 en France. 11,4 % sont des chômeurs (ils n’ont pas d’emploi et en recherchent un) et un peu plus de 30% sont devenus des inactifs, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’emploi et n’en cherchent pas ou plus. Bien souvent, ce sont des chômeurs découragés qui, ne trouvant pas d’emploi, ont cessé leur recherche.
Leur nombre est élevé également chez ceux dont le brevet est le diplôme le plus élevé mais ils sont un peu plus nombreux à avoir un emploi.
En fait, la proportion des personnes en emploi augmente au fur et à mesure que le niveau de diplôme progresse (il y a une corrélation positive entre diplôme et emploi) et la part des chômeurs et inactifs diminue sauf pour ceux dont le diplôme maximum est le bac général comme sur le graphique précédent. On est alors plus souvent chômeur ou inactif que si l’on possède un diplôme professionnel.
En effet, le bac général est utile pour poursuivre des études supérieures mais contrairement à un CAP ou un bac professionnel, il ne délivre aucune compétence professionnelle : on n’apprend pas un métier en terminale générale.
Le niveau de diplôme mais également le type d’études que l’on poursuit a donc bien un impact non négligeable en termes de salaire, d’accès à l’emploi mais aussi de stabilité de l’emploi. Ce sont des éléments qui ne sont pas des fins en soi mais qui sont importants en raison de ce qu’ils nous permettent de faire.
Au final, notre niveau d’éducation augmente ce qu’Amartya Sen appelle nos « capabilités », c’est-à-dire l’éventail des possibilités qui nous sont offertes dans l’existence, nos possibilités de nous réaliser et d’améliorer nos qualités de vie, de profiter des libertés qui nous sont offertes.
Nous terminerons là-dessus cette semaine.
Exercice: A partir des éléments contenus dans la leçon du jour, je vous demande un petit travail d'argumentation. Rédigez un texte d’une dizaine de ligne adressé à un ami (ou une amie) qui souhaiterait interrompre ses études pour le (ou la) convaincre de l’intérêt d’obtenir un diplôme. .
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