Sciences économiques et sociales - le blog de M. Engel

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Seconde - Chapitre 1 - Comment travaillent les économistes, sociologues et politistes ? - Partie 3

C. Elaborer des modèles

 

Les scientifiques ont pour objet de mesurer, de comprendre mais aussi de prévoir les comportements et les conséquences des évènements. Pour faciliter ce travail, ils élaborent des « modèles », c’est-à-dire des approches simplifiées de la réalité qui leur permettent de relier deux ou plusieurs variables en faisant abstraction des autres. C’est ce qu’utilisent les météorologues pour prévoir le temps qu’il fera demain ou dans un mois en fonction des informations dont ils disposent aujourd’hui.

 

1. Qu’est-ce qu’un modèle ?

 

On l’a vu, la réalité sociale est complexe. De multiples phénomènes sont en lien avec les autres. Un modèle c’est donc d’abord une représentation simplifiée de la réalité.

 

Cette vidéo modélise par exemple la circulation des richesses dans l’économie.  

 https://www.youtube.com/watch?v=06DnEsZJt9M

 

 

 

On y retient 3 opérations principales : dépenses, production, répartition. Ces 3 opérations sont reliées les unes aux autres et le modèle permet de comprendre les interdépendances entre les acteurs économiques et la circulation des richesses.

 

Dans la période de crise que nous connaissons, on comprend mieux pourquoi les gouvernements s’attachent à distribuer des revenus et à encourager la consommation : ce sont les dépenses des consommateurs qui vont faire repartir la production et la distribution des revenus.

 

Mais le modèle est évidemment simplifié (ici personne n’épargne ses revenus ou n’achète un objet produit à l’étranger) mais sa simplicité fait justement son intérêt.

 

On peut aussi imaginer des modèles en sociologie ou en sciences politiques.    

 

Mark Granovetter, sociologue américain a constaté dans une enquête réalisée auprès de cadres qui venaient de changer d’emploi qu’une bonne partie d’entre eux n’avaient pas eu à chercher l’emploi qu’ils occupaient. C’est l’offre d'emploi qui était arrivée jusqu’à eux. Plus troublant encore cette information ne leur était pas parvenue par quelqu’un de proche mais plutôt par une vague connaissance. Il en tire la conclusion qu’en matière de recherche d’emploi, on peut davantage compter sur des personnes éloignées que sur des proches, ce qui est paradoxal.

 

Pour comprendre cela, il faut bien avoir à l’esprit qu’une partie des offres d’emploi ne sont pas publiées et que l’information sur la création ou la vacance d’un poste va circuler dans les réseaux des individus. Pour être recruté, il faudra avant tout avoir eu connaissance de ce poste !

Sur ce schéma, on peut comprendre pourquoi des connaissances,  des amis d’amis (ce qu’on appelle des liens faibles) sont plus utiles que des proches, des amis (nos liens forts) :

lien fort-faible

 

    

Nos liens forts, sont déjà en lien les uns avec les autres et les informations qui circulent sont donc souvent connues par tous, y compris par nous-même (Clique 1). Nos liens faibles nous donnent accès à d’autres informations qui circulent dans d’autres réseaux (Clique 2) et sont donc efficaces pour avoir accès à de nouvelles opportunités.  

 

On le comprend les modèles, mêmes s’ils simplifient la réalité sont tout de même basés sur des données. Ce sont elles qui permettent d’établir des constatations ou de nourrir le modèle. Une bonne partie des modèles scientifiques sont des modèles mathématiques et les sciences sociales n’y font pas exception.

 

  1. Un exemple de modèle économique : la fixation des prix sur le marché

 

 

Pour bien faire et traiter pleinement cette question du programme, il aurait fallu pouvoir tracer quelques courbes mais nous allons tout de même évoquer les éléments essentiels du modèle du marché.

Mais un marché, quest-ce que c'est ?

marché

 

 

Un marché, ça existe dans la réalité. On peut aller sur un marché alimentaire acheter des fruits et légumes (au bazar de Port-Louis par exemple). Mais il existe aussi d’autres marchés qui ne correspondent pas forcément à des lieux physique : le marché de l’immobilier d’une ville, le marché du pétrole, le marché du travail, etc…

 

Un marché c’est un lieu, réel ou virtuel, où se rencontrent des offreurs (des vendeurs) et des acheteurs (des demandeurs) pour échanger quelque chose contre un prix.

 

Mais le modèle du marché permet de comprendre comment se déroulent ces échanges et comment se fixent et varient les prix.

Une hypothèse centrale du modèle du marché, c’est que les demandeurs et les offreurs sont rationnels et que chacun fait donc des choix facilement explicables.

Les demandeurs, ceux qui consomment, ont un budget limité et cherchent à obtenir une satisfaction en échange de leur argent. Ainsi, plus le prix d’un bien est élevé, moins ils vont en consommer. A l’inverse, plus le prix est faible, plus ils sont prêts à en acheter.

 

Du côté des offreurs, ceux qui vendent, c’est l’inverse. Pour un prix faible (et donc un bénéfice faible), on trouvera peu de vendeurs prêts à produire. A l’inverse, pour un prix élevé, on trouvera de nombreux entrepreneurs prêts à venir vendre un produit.

 

Ce qui détermine la quantité finalement échangée entre les offreurs et les demandeurs, c’est la rencontre de l’offre et de la demande, leur niveau respectif qui peut varier au gré de la mode, de la saison, de la publicité ou d'évènements plus ou moins imprévus.

   

C’est un peu ce qu’on constate dans cette vidéo amusante de 3 min, extraite d’un film des frères Cohen (the Hudsucker Proxy) !

https://www.youtube.com/watch?v=Ng3XHPdexNM

 

 

Ce qui détermine le prix hulla houp, c’est bien le niveau de l’offre et de la demande. Au début de la vidéo, il y a une offre importante pour une demande inexistante. Le prix baisse progressivement jusqu’à être inexistant lui-même. Suite à l’intérêt soudain que portent les enfants pour le hulla hoop, la demande explose, ce qui permet au vendeur d’augmenter ses prix à un niveau supérieur à celui qu’il espérait pratiquer au départ.

 

Il ne peut pas non-plus augmenter ses prix à l’infini car à un moment donné, les consommateurs vont se détourner du produit et certains d’entre eux n’auront plus les moyens. On peut imaginer aussi qu’une fois l’engouement des débuts passé, l’intérêt des acheteurs diminue. Le prix va sans doute baisser à nouveau. Mais s’il reste élevé, d’autres vendeurs vont venir proposer ce type de produit et la concurrence fera baisser les prix.

 

Le modèle du marché, c’est ce qui permet de comprendre cette adaptation perpétuelle de prix et des quantités échangées.

C’est ce qui est expliqué dans ce document et bien illustré dans la vidéo qui suit

O et D

 

 https://www.youtube.com/watch?v=5Xa2p4QhpL0

 

 

Si l’offre est supérieure à la demande, il y a excédent ou surproduction : les prix baissent, la demande augmente (et l’offre va se réduire par la suite) et l’on revient à une situation où l’offre est égale à la demande (léquilibre du marché).

 

Si l’offre est inférieure à la demande, il y a pénurie : les prix augmentent, la demande baisse (et on va voir arriver plus d’offreurs) et l’on revient à une situation où l’offre est égale à la demande (l'équilibre).  

 

Le modèle du marché suppose que l’on revienne toujours à l’équilibre car le prix est un signal qui modifie les comportements des agents économiques.  

 

Pour boucler la boucle, on peut donc revenir à notre fameuse taxe-soda qui nous intéressait dans la première leçon de ce chapitre. Alors, la taxe soda, c’est une bonne idée ?

taxesoda

 

 

D’un point de vue économique, on nous dit bien que la taxe est reportée sur le prix du produit par les offreurs, ce qui a pour effet de faire diminuer la demande (ou du moins d’en limiter l’augmentation). Moduler la taxe selon le taux de sucre pourrait également amener les producteurs à réduire la quantité de sucre pour éviter d’avoir à la payer, d’augmenter les prix et de subir une baisse de la demande et de leurs bénéfices. 

 

C’est en tout cas ce que laisse penser le modèle et certains chiffres disponibles. Reste à vérifier ça en collectant des données… sachant que dans la réalité s’il fait très chaud cet été, il y a tout de même des chances pour que les consommateurs boivent plus de soda… le modèle a aussi ses limites. Dans la réalité, on ne peut pas neutraliser toutes les autres variables.

 

Voilà. Ce sera tout pour aujourd’hui. Si une courte synthèse de ce dernier chapitre vous intéresse, vous pouvez faire un tour à la P20 de votre manuel.

 

Application : à partir des 4 courtes vidéos du fichier joint, remplir le tableau et la synthèse à trou que nous corrigerons la semaine prochaine.

 

 

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12/06/2020
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