Première - Chapitre 8: Quelles sont les principales défaillances du marché ? - partie 3
C. Biens collectifs et biens communs
- Comprendre que le marché est défaillant en présence de biens communs et de biens collectifs, et être capable de l’illustrer par des exemples.
Derniers exemples de défaillance du marché, le cas des biens collectifs et des biens communs dont les caractéristiques sont sensiblement différentes des biens ou services classiques pour lesquels le marché est capable de fixer un prix.
Ces Biens ou Services classiques, pris en charge par le marché réunissent deux caractéristiques :
Ils sont excluables et rivaux.
- Excluables parce qu’on peut empêcher quelqu’un qui voudrait les consommer sans en payer le prix de le faire. Si vous allez au cinéma, on vous interdira l’accueil si vous ne payez pas au guichet : on peut contrôler les entrées. De la même façon, il y a de multiples dispositifs pour vous empêcher se sortir d’un magasin avec la veste qui vous plaisait si vous n’êtes pas passé à la caisse pour la régler.
- Rivaux parce que la plupart du temps, si vous consommez quelque chose, cela empêche quelqu’un d’autre de le faire. On ne peut pas manger la pomme que vous êtes en train de manger (et il faut donc s’en acheter une).
Voyons de quoi il retourne pour les Biens Collectifs et les Biens Communs
1. Le cas des Biens Collectifs
Les Biens collectifs sont, à des degrés, divers non-rivaux (on peut le consommer à plusieurs en même temps) et non-excluables (on ne peut pas en interdire l’accès). On peut donc les consommer sans payer !
Prenons quelques exemples.
Vous souhaitez organiser un feu d’artifice payant sur la plage. On ne peut y accéder que si on vous paye un droit d’entrée en passant par chez vous. Mais… on verra également très bien le feu d’artifice depuis le toit du voisin, depuis la rue ou depuis un bateau. Vous ne pouvez pas empêcher les gens qui souhaiteraient en profiter de le faire même s’ils ne payent pas (bien non-excluable) et ceux qui ont payé leur place sur la plage ne retirent rien au plaisir de ceux qui voient ça sans payer (bien non rival).
C’est la même chose pour un phare qui permet aux bateaux de naviguer sans faire naufrage : il n’est pas possible de mettre en place un péage pour faire payer ceux qui en profitent. Et si on leur demande, les navigateurs prétendront surement qu’ils n’en n’ont pas besoin pour éviter de payer.
Même chose pour l’éclairage public…
Comme dans le premier cas, tout le monde peut profiter du service et personne n’a donc intérêt à payer pour ça. On peut se comporter en passager clandestin et c’est même ce qu’il y a de plus rationnel.
Que va donc arriver à votre entreprise de feux d’artifice ? Elle va faire faillite, faute de clients (pas de demande déclarée)… alors même que les gens adorent ça ! Le marché est donc défaillant pour produire les biens collectifs et assurer une allocation optimale des ressources.
Quelle solution ?
La prise en charge par l’État des biens collectifs. Ce sont donc des taxes qui financeront ces biens collectifs et cela reviendra moins cher aux consommateurs. L’inconvénient est bien sûr que tout le monde paye mais le service a le mérite d’exister. Comme pour les externalités, le cas des biens collectifs montre les limites du marché en termes d’allocation des ressources.
2. Les Biens Communs
Dernier cas à étudier, celui des biens communs.
Les Biens Communs sont non-excluables : ils sont en accès libre. Mais à partir d’un certain nombre de consommateurs ils sont rivaux (en fait il s’agit de ressources épuisables).
L’exemple historique est celui d’un près communal sur lequel chaque éleveur de mouton pourrait faire paître gratuitement son troupeau. Chaque éleveur a individuellement intérêt à augmenter la taille de son troupeau puisque chaque bête lui apportera un profit supplémentaire alors que la l’herbe broutée ne lui coûte rien. Mais chaque bête de plus participe à épuiser la ressource de base : l’herbe qui n’aura pas le temps de repousser. A l’arrivée, on ne pourra plus faire d’élevage. C’est la « tragédie des communs » qui mène à leur surexploitation.
On peut élargir le raisonnement à toute ressources accessible gratuitement et dont l’entretien ne repose pas sur ceux qui l’exploite. Tous les producteurs ont intérêt à augmenter leurs prises, à maximiser leurs profits à court terme.
C’est ce qu’on constate avec un certain nombre de ressources naturelles comme le sable marin prélevé pour faire du béton et en voie de disparition (tout un dossier sur la question ici: https://information.tv5monde.com/info/penurie-de-sable-un-enjeu-planetaire-environnemental-et-economique-185813).
Mais c’est vrai aussi de certaines ressources pourtant renouvelables et dont le rythme d’exploitation est trop rapide pour permettre le maintien : les ressources halieutiques (les poissons des océans) par exemple, ce qui pose un problème mondial dont on peut saisir les enjeux dans cette vidéo !
https://www.youtube.com/watch?v=azXNKir7QQg
Que faire alors?
Une des solutions est de réglementer si l’on peut par exemple en fixant des quotas de pêche comme pour le thon rouge en Méditerranée (mais il faut que les quotas soient suffisamment faibles et que des contrôles soient faits fréquemment).
A Rodrigues, le problème se pose avec l’ourite. La ressource était en voie de disparition et la mise en place de périodes de fermeture de pêche permet régulièrement au stock de se renouveler. L’exemple de la gestion de cette ressource à Rodrigue tend même à s’exporter !
https://www.youtube.com/watch?v=5Jt3zQRcmww
Comme pour les biens collectifs, on a besoin de l’Etat pour pallier ici aux défaillances du marché, incapable de réguler efficacement les quantités. On peut imaginer que les exploitants eux-mêmes se mettent d'accord pour une gestion durable de la ressources (et ça ne marche d'ailleurs que si les producteurs acceptent de jouer le jeu) mais les pouvoirs publics restent utiles pour amorcer le processus ou trouver des activités ou des revenus alternatifs aux pêcheurs pendant la période de fermeture de la pêche...
Applications:
Répondre aux questions 1 et 2 du document 2 P 58
Répondre à la question 1 de l'exercice situé à la fin de la page 59
Remplir le tableau de synthèse et me le renvoyer.
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