Première - Chapitre 8: Quelles sont les principales défaillances du marché - 2 ?
II. Allocation des ressources, externalités et biens collectifs
Avant de définir ce que sont les externalités ou les biens collectifs et de voir pourquoi le marché est incapable de les prendre en charge, il faut prendre un moment pour revenir sur la question de l’allocation des ressources.
A. Le marché, un mécanisme efficace d’allocation des ressources ?
Le monde et les agents économiques disposent de ressources en quantités limitées et doivent choisir comment les utiliser au mieux. Que faire de son temps, de son argent, des ressources naturelles face à la multiplicité des usages disponibles ?
Dans la théorie économique, le marché est supposé être un mécanisme efficace d’allocation des ressources, c’est-à-dire qu’il permet d’utiliser les ressources disponibles là où elles sont utiles et sans gaspillages.
Comment y parvient-il ?
Milton Friedman explique ça très bien dans cette courte vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=47lazI9h_SE
C’est le système des prix qui guide les actions des agents économiques. Si quelque chose est utile, il y a une demande. S’il y a une demande, il y a un prix sur le marché. S’il y a un prix, il y a des possibilités de profits et des producteurs vont exploiter la ressource. Quelque chose d’inutile n’a pas de prix et ne sera donc pas produit.
A l’inverse, on peut dire que quelque chose de rare sera cher et donc préservé, ce qui évite tout gaspillage.
Le marché est donc censé permettre une allocation optimale des ressources (permettre la production de tout ce qui est socialement utile et en quantités adaptées aux besoins) grâce au système de fixation des prix.
Ça n’est pas le cas dans deux situations où le marché n’est pas capable de fixer un juste prix ou d’offrir des biens ou services pourtant utiles à tous, à commencer par les externalités.
B. Le cas des externalités
On parle d’externalité lorsque les actions d’un agent économique ont des conséquences positives ou négatives sur un ou d’autres agents sans que cet impact ne passe par une transaction sur le marché. Les externalités ou effets externes sont par définition des phénomènes que le marché ne peut prendre en charge (des phénomènes extérieurs au marché).
Les externalités peuvent être positives ou négatives, c’est-à-dire avoir des conséquences bénéfiques pour la société (ou d’autres agents économiques) ou nuisible pour celle-ci.
1. Les externalités positives
Un exemple classique d’externalité positive, c’est l’activité des apiculteurs. En élevant des abeilles pour produire du miel, ils rendent un service à la société. Lequel ?
Ils participent à la pollinisation des arbres fruitiers, service dont profitent aussi bien les producteurs de fruits que la biodiversité en général.
Sont-ils rémunérés pour ce service ? Non, ils ne le sont pas, les arboriculteurs ne les rémunèrent pas. Ils ne sont donc pas encouragés à produire un service pourtant très utile à la société (et aux arboriculteurs en particulier). Le marché est donc défaillant, ce qu'illustre cette petite histoire (P56 doc 2):
Sans mécanisme correcteur, on ne produit pas assez d’externalités positives.
Et on est là face à un exemple d’externalité négative quand l’activité d’un agent économique nuit à d’autres agents, sans que ça ne lui coûte rien.
2) Les externalités négatives
C’est le cas de la pollution générée par toutes sortes de productions. En produisant, les entreprises peuvent émettre des gaz à effet de serre ou des rejets toxiques. Payent-elles le prix de cette pollution qu’elles imposent à la société et qui ont des conséquences nuisibles : pollution de l’eau, de l’air, maladies générées, disparition d’espèces animales et végétales ?
Non, la pollution est supportée par tout le monde et ne constitue pas un coût privé pour les producteurs. Rien ne les décourage donc de polluer. Au contraire, plus elles produisent (et donc plus elles polluent) et plus elles réalisent de profits. On produit donc trop d’externalités négatives.
Dans le cas des externalités, le marché envoie un mauvais signal et l’allocation des ressources n’est pas optimale.
3) Quelles solutions peuvent être apportées ?
On dit qu’il faut internaliser les externalités, c’est-à-dire, dans le cas de la pollution, faire payer aux entreprises le coût de la pollution qu’elles génèrent.
Comme il est plus cher de produire « proprement », seul un mécanisme extérieur au marché peut imposer à toutes les entreprises de polluer moins, une entreprise qui serait la seule à le faire serait perdante. Le marché est donc défaillant.
On peut rétablir le signal des prix lorsqu’on met en place une taxe sur des activités polluantes. Si lorsqu’elle pollue davantage une entreprise voit ses coûts augmenter, elle aura intérêt à diminuer son niveau de pollution. Ou alors elle devra augmenter ses prix. Les consommateurs, sensibles à cette augmentation de prix, consommeront moins ou s’adresseront à ses concurrents. D’un autre côté, les entreprises moins polluantes sont avantagées car elles paieront moins de taxes.
La taxe est donc un moyen de corriger les externalités négatives en les internalisant, c’est-à-dire en les réintégrant au calcul des agents économiques.
A l’inverse, on peut encourager la production d’externalités positives en subventionnant certains produits ou certaines activités.
C’est ce qui est pratiqué en matière automobile avec le bonus-malus écologique.
Si on achète une véhicule polluant, on paye une forte taxe avec pour effet de faire augmenter le prix du véhicule.
Entre 50 et 10500€ selon les émissions de CO2 du véhicule comme le montre ce document (Page 57 doc 3).
A l’inverse, si on se débarrasse d’un vieux véhicule polluant au profit d’un véhicule électrique, on touche une prime.
De même si l’on achète un véhicule peu émetteur de CO2 (par exemple un véhicule électrique), on touche une subvention ce qui a pour effet de faire baisser le coût du véhicule. Cela a pour effet d’encourager l’achat de véhicules propres.
Grâce à ce système, les prix incitent à nouveau à des comportements « vertueux ».
C’est ici l’Etat qui intervient pour corriger les défaillances du marché en matière d’externalités ou encore pour produire lui-même les services générateurs d’externalité pour la société : l’éducation, la santé ou la culture comme le présente très bien cette vidéo qui illustre 3 mécanismes économiques vus cette année.
https://www.youtube.com/watch?v=0E4awMcrLEk
Une autre solution originale pour internaliser les externalité, c'est de mettre en place un nouveau marché, pour corriger les défaillances du marché.
C'est ce qu'ont fait les pays européen avec le marché des quotas d'émission de CO2. On distribue aux enreprises les plus polluantes des quotas qui correspondent à "des droits d'émission". Un quota correspond au droit d'émettre une tonne d'équivalent CO2. Une entreprise n'a pas le droit d'émettre plus de CO2 qu'elle n'a de quotas et a donc deux possibilités :
- baisser son niveau de pollution en investissant dans des technologies plus propres
- acheter les quotas qu'il lui manque à une autre entreprise
Celles qui ont fait des efforts vendent donc les quotas excédentaire (ce qui finance leurs investissements), celles qui ont choisi de continuer à polluer voient leurs coûts augmenter et participent aux efforts des autres.
Au fur et à mesure, on distibue aux entreprises de moins en moins de quotas. Le mécanisme est bien présenté dans cette vidéo.
Mais est-ce que ça fonctionne ?
Constatez-le par vous même. A l'aide la fiche méthode P258-259 de votre manuel, répondez aux questions qui suivent le document (Doc 2 P 66), à me renvoyer via pronote.
Bonne semaine !
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