Terminale
Terminale : Tutoriels - la mesure statistique des inégalités économiques
Bonjour, voici trois tutoriels pour préparer les EC2 sur le sujet des inégalités économiques.
Terminale : Commerce international et internationalisation de la production
Bonjour,
voici quelques vidéos et autres ressources radio portant sur le chapitre 2.
Vidéos
Dessine-moi l'éco: Qu'est-ce que l'avantage comparatif ?
Dessine-moi l'éco: La compétitivité c'est quoi et comment l'améliorer ?
Sur le même sujet : Décodéco: La France est-elle compétitive ?
A la radio
Entendez-vous l'éco spécial Bac sur France Culture : A qui profite l'internationalisation des échanges ? (58 min)
Entendez-vous l'éco sur France Culture : Les promesses du développement : le tabou protectionniste (58 min)
Entendez-vous l'éco sur France Culture: Peut-on réparer la mondialisation ? (58 min)
Terminale Thème 2 - Chapitre 1 : Comment s’articulent marché du travail et gestion de l’emploi ?
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : En se limitant à une présentation graphique simple et en insistant sur les déterminants de l’offre et de la demande, on expliquera l’analyse néo-classique du fonctionnement du marché du travail. Pour rendre compte de la spécificité de la relation salariale, on montrera l’intérêt de relâcher les hypothèses du modèle de base en introduisant principalement les hypothèses d’hétérogénéité du facteur travail et d’asymétrie d’information. À partir de quelques exemples, on montrera que le taux de salaire dépend également du résultat de négociations salariales et de l’intervention de l’État.
Acquis de première : salaire, marché, productivité, offre et demande, prix et quantité d’équilibre, asymétries d’information,.
NOTIONS : Taux de salaire réel, salaire d’efficience, salaire minimum, contrat de travail, conventions collectives, partenaires sociaux, segmentation du marché du travail.
Le modèle de base du marché du travail
Dans la perspective néoclassique (modèle de base du marché du travail), le travail (def : activité humaine qui conduit à l'élaboration de biens ou de services) est considéré comme une marchandise, c’est-à-dire qu’il s’échange sur un marché contre un prix (le taux de salaire réel) déterminé par la rencontre de l’offre et de la demande de travail.
L’offre globale et la demande globale de travail sur le marché correspondent à l’agrégation de toutes les offres et demandes individuelles de travail correspondant à une multitude de calculs individuels, microéconomiques.
La Demande de travail
Les entreprises représentent la Demande de travail : ce sont elles qui souhaitent acheter le temps de travail des ménages pour assurer leur production. Dans une perspective néoclassique qui ne s’intéresse pas à la question des débouchés, la Demande de Travail dépend d’un calcul coût-avantage réalisé par l’employeur: une entreprise achète une unité de travail tant que sa productivité marginale (ce que lui rapporte cette dernière unité de travail) est supérieure ou égale à son coût marginal (ce que coûte cette dernière unité de travail). Elle embauche donc tant que cela lui apporte un profit supplémentaire.
Selon la loi des rendements décroissants, la productivité marginale du facteur travail est décroissante (si la quantité de l’autre facteur, le capital, reste fixe et l’on considère que c’est le cas à court terme) et ce que les entreprises sont prêtes à payer pour acquérir une unité de travail supplémentaire décroit donc également.
Comme toute courbe de demande, la courbe de la Demande de travail est donc décroissante, c’est une relation inverse entre les quantités et les prix.
A partir du moment où le coût marginal du travail devient supérieur à la productivité marginale du travail, l’entreprise substitue du capital au travail : elle a plutôt intérêt à investir si elle souhaite augmenter sa production.
Attention: les entreprises demandent du travail mais offrent des emplois.
L’Offre de Travail
Ce sont les ménages qui offrent leur travail, ils vendent une quantité plus ou moins importante de leur temps contre un prix, le taux de salaire réel, qui leur donne accès à la consommation de biens et services. Les ménages réalisent également un arbitrage (calcul coût/avantage) entre le travail et le loisir, calcul qui s’effectue également à la marge.
Il offre son travail tant que le taux de salaire réel est supérieur à la désutilité marginale du travail (c’est-à-dire la pénibilité représentée par une heure de travail supplémentaire). Lorsqu’un travailleur travaille une heure de plus, il renonce à une heure de loisir supplémentaire et subit un surcroit de fatigue. Il faut que le prix qu’on lui paye compense cette désutilité.
Ainsi, la courbe d’offre de travail est croissante : plus le salaire s’élève, plus un travailleur est prêt à travailler et offre de travail. Plus le salaire est faible, plus le travailleur a intérêt à réduire son offre de travail et à profiter de ses loisirs (il ne renonce qu’à peu de biens et services dans ces circonstances).
Remarque : l’existence de revenus de remplacement, par exemple de revenus du patrimoine ou de prestations sociales, modifie les termes de l’arbitrage travail/loisir. Les ménages peuvent choisir de profiter de leurs loisirs tout en consommant grâce à leurs revenus de remplacement.
Attention: les ménages offrent leur travail mais demandent des emplois.
Le taux de salaire réel :
le taux de salaire réel est le prix d’une unité de travail (un coût pour l’employeur mais un revenu pour l’offreur) prenant en compte le niveau des prix. Si le travail est une marchandise, le prix du travail est fixé par la rencontre de l’offre et de la demande sur le marché du travail.
Il s’agit alors d’un prix unique, d’équilibre.
Si les quantités demandées augmentent, la courbe d’offre se déplace vers la droite et le taux de salaire d’équilibre augmente : pour pourvoir les offres de d’emploi, les entreprises sont obligées d’offrir davantage aux ménages pour le sacrifice qu’ils réalisent en travaillant davantage.
Si les quantités de travail offertes augmentent (plus de travailleurs sur le marché par ex), la courbe d’offre se déplace vers la droite. Le taux de salaire d’équilibre diminue en raison de la concurrence entre les travailleurs.
Dans cette perspective, il ne peut y avoir de chômage : si les chômeurs souhaitent travailler, ils reverront leurs exigences salariales à la baisse, ce qui leur permettra d’être embauchés.
Un déséquilibre ne peut être que passager car le marché est autorégulateur.
L’équilibre sur le marché du travail est l’équilibre de plein emploi : tous ceux qui souhaitent travailler au prix d’équilibre peuvent le faire. Si chômeurs il y a, ce sont des chômeurs volontaires : ils exigent un niveau de salaire trop élevé (supérieur au salaire d’équilibre) .
Le seul chômage possible dans ce cadre théorique est un chômage frictionnel c’est-à-dire un chômage de court terme, transitoire correspondant au temps d’adaptation d’ajustement de l’offre et de la demande, du temps nécessaire pour trouver un nouvel emploi pour une personne licenciée, de déménager, etc…
La seule possibilité d’un chômage de longue durée dans le cadre du modèle de base, est l’existence de rigidités institutionnelles faussant le libre fonctionnement du marché et l’ajustement des quantités ou des prix.
Pour les quantités, certaines règles empêchent leur ajustement :
- Règlementation sur les licenciements
- Durée légale du travail
- Règlementation sur les jours fériés ou le travail dominical
Pour les prix, ils peuvent ne pas être flexibles :
- Heures supplémentaires majorées
- Salaires majorés pour le travail de nuit
- Cotisations sociales qui alourdissent le coût du travail pour les employeurs
- Salaire minimum
Le SMIC : Dans le cas où ce salaire-plancher se situe au dessus du salaire du taux de salaire réel d’équilibre, il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail : des salariés qui sont prêts à travailler pour le salaire d’équilibre ne peuvent pas le faire, l’offre de travail est rationnée et il existe donc un chômage involontaire qui touche les travailleurs dont la productivité marginale est inférieur au SMIC.
La solution contre le chômage involontaire est simple pour les néoclassiques : il faut supprimer les entraves au bon fonctionnement du marché. Il s’agit de rendre plus flexibles les conditions d’embauche, de licenciement et de rémunération. Il faut également réduire ce qui alourdit le coût du travail pour les employeurs (les cotisations sociales) et ce qui fausse le calcul des offreurs de travail (les allocations chômage ou le RSA).
Le marché du travail est cependant un marché particulier et certaines hypothèses de la concurrence pire et parfaite (CPP) ne sont pas respectées, ce qui a des implications quant à la fixation des salaires.
Le relâchement de certaines hypothèses du modèle néoclassique
Le modèle néo-classique de base repose sur des hypothèses très strictes, notamment :
- transparence (tous les acteurs disposent au même moment et sans coûts des mêmes informations) ;
- atomicité (offreurs et demandeurs très nombreux et indépendants de manière qu'aucun n'ait de poids suffisant pour peser sur le marché) ;
- homogénéité du facteur travail (des qualifications et donc de la productivité) ;
- parfaite mobilité des facteurs de production (travailleurs prêts à changer d'emploi ou de région).
- Libre entrée sur le marché
Certaines de ces hypothèses doivent être relâchées pour rendre compte de la spécificité du marché du travail.
L’existence d’asymétries d’information
L'asymétrie d’information est une situation dans laquelle certaines caractéristiques d’une transaction sont connues d’une partie et ne peuvent pas, sans coût supplémentaire, être découvertes par l’autre partie.
La relation salariale présente des asymétries d’information, car les employeurs peuvent difficilement contrôler directement le travail des salariés. Comment s’assurer que les salariés soient aussi efficaces que possible une fois engagés ? Les procédures de contrôle (contremaîtres, définition et contrôle des objectifs,…) sont coûteuses et pas toujours efficaces : un contrôle excessif est de nature à décourager l’initiative des salariés et leur implication (cf cours de première sur les limites du taylorisme et du fordisme).
Les employeurs peuvent alors utiliser le salaire comme instrument de motivation des salariés en versant un salaire supérieur au salaire d’équilibre. L’idée est simple : plus le salaire est important, plus le salarié sera motivé et aura tendance à accroître sa productivité (sentiment de reconnaissance de son travail, peur de perdre son poste dans cette entreprise ou de ne pas trouver ailleurs un poste aussi intéressant). On parle de salaire d’efficience.
Du côté de l’employeur, cela permet de réduire le turn-over, de fidéliser la main-d’œuvre et de réduire ainsi les coûts de formation.
L’hétérogénéité du facteur travail
On ne peut pas considérer que le travail soit une marchandise homogène : les salariés ont des qualifications, des diplômes et des niveaux de productivité très variables. Il ne peut donc y avoir un salaire d’équilibre unique.
Les économistes considèrent que le marché du travail est segmenté, c’est-à-dire qu’il existe un dualisme, une séparation entre un marché primaire et un marché secondaire du travail.
Le marché primaire est composé d’employés en CDI (contrats à durée indéterminés) bénéficiant de bons niveaux de salaire et de protections sociales. Les salariés bénéficient généralement de qualifications et peuvent progresser à l’intérieur des entreprises qui pourvoient les emplois disponibles en interne.
Le marché secondaire correspond à des emplois instables (CDD, interim), peu protégés et moins bien rémunérés. C’est sur ce marché que les candidats sont réellement en concurrence pour les emplois disponibles. Le modèle de base du marché du travail ne s’applique en réalité qu’au marché secondaire, aux travailleurs moins qualifiés.
On peut également s'interroger sur l'hypothèse d'atomicité : les salaires sont-ils uniquement le résultats de négociations individuelles entre offreurs et demandeurs ? En réalité, les normes d'emploi, le niveau des salaires et les conditions de travail sont bien souvent le résultat de négociations collectives entre représentants des employeurs et représentants des salariés: les syndicats. La relation slariale n'est pas qu'une relation marchande: elle est institutionnalisée, socialement encadrée par les négociations collectives mais aussi par la loi.
L’institutionnalisation de la relation salariale
Droit du travail et conventions collectives
Lors du développement de la société industrielle, le droit du travail est très réduit voire inexistant. Il n’existe pas de salaire minimum et le travailleur vend souvent sa force de travail à la journée et pour un salaire dérisoire, le rapport de force étant favorable aux employeurs : la main d’œuvre est abondante, les travailleurs se font concurrence entre eux.
Il faut attendre 1841 pour que le travail des enfants de moins de 8 ans soit interdit en France. On travaille encore 15 à 17h par jour à cette époque. Les coalitions et la grève sont interdits jusqu’en 1864 et les syndicats ne deviennent légaux qu’en 1884. Le travail ne permet alors ouvriers que de subsister, de reproduire leur force de travail. Il n’existe pas de système généralisé de protection sociale : pas d’assurance maladie, pas de garantie contre les accidents du travail, pas de retraite.
Ce n’est que très progressivement que se mettent en place dans certaines entreprises, à l’initiative des travailleurs mais aussi parfois des patrons, des caisses de prévoyance.
Petit à petit, un droit du travail va se développer suite à des négociations, à des conflits sociaux (parfois très violents et durement réprimés) ou à l’initiative des gouvernements. Parmi ces avancées, on peut citer :
- le contrat de travail qui sécurise la relation employeur/employé : durée, conditions de travail, salaire, etc…
- la limitation de la durée du travail : 8 heures par jour en 1919, 40h par semaine en 1936, 39h en 1982, 35 heures en 2000.
- les premiers systèmes de retraites (1910)
- les congés payés : de deux semaines en 1936, ils passent à 3 en 1956, puis à 4 en 1969 et enfin à 5 semaines en 1982.
- Le salaire minimum : SMIG en 1950, SMIC en 1968
1936 est un bon exemple d’avancée du droit du travail : suite à l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, un gouvernement de gauche, une grève générale éclate dans le pays avec occupation des usines, bloquant l’économie du pays. Les syndicats de travailleurs et de patrons négocient sous l’égide du gouvernement pour arriver à des avancées notables : premiers congés payés, limitation de la semaine de travail.
En plus de la loi, les partenaires sociaux (syndicats d’employeurs et de salariés) peuvent se mettre d’accord pour améliorer les conditions de travail de tous les salariés (accord interprofessionnel) dans un secteur d’emploi particulier (accord de branche) par des négociations collectives aboutissant à des « conventions collectives ». Il est possible également de signer des accords d’entreprise. Ainsi, le salaire minimal proposé à un salarié au moment de l’embauche dépende de la loi et des éventuelles conventions collectives et accords d’entreprises et non d’une négociation individuelle. Dans tous les cas, il n’est pas possible de payer un salarié sous le SMIC. Le SMIC augmente automatiquement deux fois par an.
Ainsi la relation salariale est encastrée dans des rapports sociaux et les conditions de travail et les salaires sont le fruit de négociations collectives.
Les normes d'emploi et leur remise en cause
Des normes d’emploi vont également se développer, des formes d’emploi typiques. Il s’agit en France du CDI à temps complet : un emploi protecteur et permettant de retirer assez de revenu de son travail pour vivre décemment. Le licenciement a un coût (indemnités de licenciement) et doit être justifié par l’employeur.
De plus, le travail est associé à un certain nombre de droits sociaux qui se sont étendus après 1945 : assurance chômage, assurance maladie, assurance retraite.
Robert Castel parle à ce sujet du développement de la « société salariale ». 80% des salariés sont en encore embauchés en CDI à l’heure actuelle.
Cette norme d’emploi va être progressivement remise en cause à partir des années 70, notamment en raison du développement d’un chômage de masse.
On assiste au recul de la norme d’emploi typique au profit d’emploi atypiques : CDD, temps partiel, emploi temporaire (intérim), emploi saisonnier, travail indépendant (l’auto-entrepreneur par exemple)… et une part croissante de la population est exclue du travail salarié (les chômeurs mais aussi les inactifs qui se sont retirés du marché du travail).
75% des nouvelles embauches se font aujourd’hui sous la forme du CDD. Ceux qui sont durablement privés de travail sont également exclus du système d'assurance sociale et ne peuvent bénéficier que de "minimas sociaux": RSA, minimum vieillesse... On peut donc parler d’effritement de la société salariale.
Terminale : La monnaie et le financement de l'économie
La monnaie et le financement de l'économie
Formes et fonctions de la monnaie
On retient traditionnellement 3 fonctions de la monnaie
- Elle est un intermédiaire des échanges : on peut échanger n'importe quel bien ou service (voire du travail) contre de la monnaie, qui est acceptée par tous.
- Elle est un étalon de mesure (ou une unité de compte) qui permet d'évaluer la valeur de n'importe-quel bien ou service et d'exprimer un prix unique.
- Enfin, la monnaie constitue une réserve de valeur : elle peut être conservée dans le temps et son utilisation peut être différée. Pour cela, il faut que sa valeur soit relativement stable dans le temps et qu'elle soit aisément stockable.
Ces trois fonctions ont été énoncées par Aristote.
Historiquement, les formes de la monnaie ont évolué.
- On utilise d'abord la monnaie-marchandise. Certaines marchandises conservables et dont la valeur est reconnue par les agents économiques servent d'intermédiaire des échanges: sel, soie, coquillages, métaux précieux, fourrures, épices, etc... Ces marchandises ont pour la plupart une valeur intrinsèque (c'est-à-dire en elles-mêmes).
- On passe ensuite à la monnaie métallique. Il s'agit de pièces ou de lingots de métaux précieux (or, argent, bronze). Ces pièces ont une valeur intrinsèque (en elle-même), elles valent leur poids en métal précieux. On ne les utilise plus aujourd'hui dans les échanges mais elles ont conservé une fonction de réserve de valeur.
- Progressivement, la monnaie fiduciaire se développe grâce aux banques. Elles émettent pour leurs déposants des bons échangeables dans leurs bureaux contre leur valeur en or. Le transport de richesses devient plus sûr, discret et pratique. Comme les agents économiques savent que ces billets sont échangeables contre de l'or, ils utilisent cette monnaie-papier dans leurs échanges. La monnaie fiduciaire n'a pas de valeur intrinsèque, sa valeur repose sur la confiance des acteurs économiques (fiduciare provient du latin fides = confiance). On classe dans cette catégorie les billets et les pièces de monnaie qui ne sont pas constitués de métaux précieux (monnaie divisionnaire).
- Plus récemment, avec le développement de l'activité des banques est apparue la monnaie scripturale. C'est une monnaie qui n'a pas d'existence concrète : elle n'existe que sous la forme d'écritures comptables sur les registres des banques (aujourd'hui des disques durs). Elle constitue aujourd'hui la quasi-totalité de la monnaie en circulation dans les pays développés. Elle circule d'un compte bancaire à l'autre grâce à différents instruments de paiement (qui ne sont pas de la monnaie !) : chèques, cartes bancaires, virements, prélèvements...
Evolution des formes de la monnaie dans les échanges en % :
Le financement de l'économie
Toute activité économique suppose d'avoir des ressources au préalable : avant même d'avoir produit et vendu quoi que ce soit, une entreprise doit investir des capitaux : bâtiments, machines... (ce qui en fait une activité risquée). De même lorsqu'elle souhaite se développer.
Les modes de financement
Le financement est l'opération par laquelle les agents économiques se procurent les ressources nécessaire à la réalisation de leurs projets économiques.
On distingue ainsi les agents économiques en fonction de leur situation financière:
- Les agents économiques en capacité de financement sont ceux qui peuvent financer leurs projets grâce à leur épargne. Cela suppose que leur Epargne soit supérieure à leurs Investissements (E>I). Ils peuvent alors s'autofinancer (on parle aussi de financement interne) sans faire appel à des capitaux extérieurs.
- Les agents économiques en besoin de financement sont ceux dont l'Epargne est insuffisante pour financer leurs Investissements (E<I). Ils doivent trouver des capitaux avant de réaliser leurs projets. Ils font donc appel à un financement externe (auprès des agents qui sont en capacité de financement et disposent d'une épargne à faire fructifier).
Au niveau macro-économique, certains agents sont structurellement en besoin de financement (les administrations publiques et les entreprises), d'autres sont en capacité de financement (ménages et sociétés financières= banques, sociétés d'assurance).
Il existe deux types de financement externe :
- Le financement externe direct : les agents en besoin de financement collectent des capitaux directement auprès de ceux qui sont en capacité de financement. Pour les grandes entreprises, cela se passe sur les marchés financiers. Elles émettent des actions (titre de capital ou de propriété) et des obligations (titres de créance). Dans le premier cas, les agents en capacité de financement offrent une partie de leur épargne à l'entreprise contre une dividende éventuel (une partie des bénéfices de l'entreprise). Dans le deuxième cas, l'entreprise a une dette envers les possesseurs d'obligations et leur rendront le capital prêté plus des intérêts. On parle donc d'endettement sur les marchés financiers. C'est de cette manière que les Etats se financent si leurs dépenses sont supérieures à leurs recettes fiscales (on dit qu'ils sont en déficit budgétaire), ce qui est généralement le cas.
Les nouvelles actions et obligations sont émises sur ce qu'on appelle le marché primaire, c'est là que se fait le financement de l'économie. Les actions et obligations peuvent être revendues sur le marché secondaire qui assure la liquidité du marché primaire (on peut y échanger les titres contre de la monnaie).
- Le financement indirect (ou intermédié) suppose un intermédiaire entre les agents en besoin et en capacité de financement. Ce sont les banques qui jouent ce rôle d'intermédiaire en collectant l'épargne des uns et en accordant des crédits aux autres. Le crédit sera remboursé progressivement (le capital) et des intérêts s'y ajoutent.
Le rôle et la nature du taux d'intérêt
Le taux d'intérêt (%) détermine le montant des intérêts (une somme) : c'est-à-dire le coût du crédit pour l'emprunteur et la rémunération du prêteur (créancier).
Les intérêts ont donc un double visage.
Un crédit a un coût pour l'emprunteur car il lui permet de bénéficier par anticipation de ses revenus futurs (il n' pas à attendre d'avoir épargné suffisamment pour profiter d'un bien ou service). Les intérêts représentent pour lui le prix de l'argent.
De l'autre côté, la rémunération du créancier se justifie pour d'autres raisons: l'abstinence (le prêteur renonce à utiliser ses capitaux pour d'autres usages pendant la durée du prêt) et le risque (il y a toujours une possibilité de n'être pas remboursé par l'emprunteur ou d'être remboursé avec une monnaie dévaluée en raison de l'inflation).
Par conséquent, le taux d'intérêt demandé par les banques (ou d'autres agents économiques) varie avec ces deux facteurs: plus le prêt est long et plus le risque de crédit est important (c'est le risque que l'emprunteur ne rembourse pas déterminé en fonction de son dossier: stabilité de l'emploi, revenus, apport personnel...), plus le taux d'intérêt sera élevé.
Les taux les plus bas sont donc accordés pour des crédits à court terme à des emprunteurs présentant de bonnes garanties de remboursement.
En théorie, une banque (ou un autre agent économique) ne prête pas au delà d'un certain niveau de risque.
La création monétaire
La présentation du rôle des banques que nous avons faite laisse penser qu'elles se contentent de prêter les fonds épargnés par les agents économiques en capacité de financement aux agents en besoin de financements. Les dépôts (des uns) feraient les crédits (des autres).
Mais en réalité, lorsqu'une banque accorde un crédit à un agent économique, elle ne prend pas les fonds correspondants sur le compte de ses autres clients. Elle se contente d'une simple écriture comptable sur le compte de l'emprunteur : elle crée de la monnaie (scripturale) qui n'existait pas. Comme cette monnaie va servir à acquérir des biens ou services à d'autres agents économiques, elle va constituer pour eux un dépôt. On dit que les crédits font les dépôts. Cela permet aux banques de prêter bien plus que ce que ses clients ne déposent sur leurs comptes.
Si l'on met de côté la monnaie fiduciaire (une toute petite part de la monnaie en circulation) qui est créée par les Banques Centrales, la création monétaire est donc le fait des banques secondaires (ou banques commerciales) qui financent l'activité économique par création monétaire. Cette monnaie supplémentaire est détruite au moment du remboursement de la dette par l'emprunteur (la banque efface la ligne correspondante).
La masse monétaire, c'est-à-dire la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, évolue donc en fonction du rythme d'accord de crédits par les Banques Secondaires et du rythme de remboursement par leurs clients.
Cette création monétaire est limitée par la compensation interbancaire
Les Banques Secondaires ne peuvent pourtant pas accorder autant de crédits qu'elles le souhaitent. La monnaie qu'elles ont créé au moment du crédit ne reste pas sur les comptes de leurs clients. Ceux-ci s'en servent pour acquérir des biens et services à d'autres agents économiques qui sont clients d'autres banques. A la fin de la journée, au moment de la compensation inter-bancaire, les banques doivent se transférer entre elles les sommes qui correspondent aux opérations économiques réalisées par leurs agents. Cette monnaie transite entre les comptes des Banques Secondaires à la Banque Centrale qui joue le rôle de Banque des Banques.
Idéalement, si une banque accorde autant de crédit que ce que ses clients perçoivent de clients d'autres banques, elle ne débourse rien à la fin de la journée. Mais si le montant des paiements réalisés par ses clients est supérieur au montant qu'ils perçoivent de clients d'autres banques, elle doit transférer de la monnaie aux autres banques. Une banque a donc intérêt à posséder le plus de clients possibles pour que les sommes qu'ils perçoivent chaque jour soient importantes. Si ce qu'elle doit dépasse ses réserves à la Banque Centrale, elle doit se refinancer en empruntant les sommes nécessaires directement à la Banque centrale ou sur le marché interbancaire, c'est-à-dire auprès des autres banques.
Cette opération a un coût qui dépend étroitement du taux d'intérêt directeur pratiqué par la Banque Centrale. Si ce taux est faible, l'opération est peu coûteuse pour les Banques secondaires qui se refinancent facilement et peuvent accorder de nombreux crédits à leurs clients. Si ce taux est élevé, le refinancement est coûteux et cela freine l'accord de crédits par les banques secondaires. En réalité, elles répercutent le taux d'intérêt directeur sur le taux d'intérêt proposé aux emprunteurs. S'il est élevé, il y aura moins d'emprunteurs (la demande de crédit sera plus faible).
Le taux d'intérêt directeur est donc un instrument privilégié pour encourager ou freiner l'évolution de la masse monétaire.
Tout est repris ici :
Pourquoi et comment surveiller la création monétaire ?
Les Banques Centrales ont pour objectif prioritaire de surveiller le rythme de la création monétaire en raison des déséquilibres économiques qui peuvent découler du niveau de la masse monétaire.
Pour faire simple:
- s'il y a trop de monnaie en circulation, cela a tendance à provoquer une augmentation des prix. La monnaie perd donc de la valeur ce qui réduit le pouvoir d'achat des ménages (et la valeur de l'épargne), la consommation et donc les résultats des entreprises et leur production. On parle d'inflation pour désigner la hausse générale, cumulative et durable du niveau général des prix dans une économie (mesuré en France par l'INSEE grâce à l'Indice des Prix à la Consommation). Une forte augmentation de la demande ou une hausse des prix des matières premières (choc pétrolier) a le même résultat.
- s'il n'y a pas assez de monnaie en circulation, les prix baissent, ce qui impacte le résultat des entreprises. La demande se contracte car les agents économiques reportent leurs achats en attendant de nouvelles baisses de prix et la production chute. Pour vendre, les entreprises continuent à baisser les prix. On parle alors de déflation (baisse durable des prix et de la production) et il est difficile de sortir de ce cercle vicieux.
Les Banques Centrales surveillent donc la création monétaire et agissent en fonction de leur cible d'inflation (un peu moins de 2% pour la Banque Centrale Européenne).
Comme nous l'avons déjà dit, une banque centrale peut utiliser son taux d'intérêt directeur pour influencer l'évolution de la masse monétaire.
Si le taux directeur baisse, les taux d'intérêts du marché interbancaire baisse, les Banques secondaires (BS) peuvent alors se refinancer plus facilement et à moindre coût, elles proposent des taux plus bas pour les crédits aux particuliers, ceux-ci en demandent davantage et la masse monétaire augmente. On parle de politique monétaire expansionniste/expansive/laxiste ou accommodante.
Inversement, si le taux directeur augmente, les taux du marché interbancaire font de même, le refinancement coûte davantage aux BS qui répercutent ce taux sur ceux proposés aux particuliers, ceux-ci demandent moins de crédits et la masse monétaire diminue. On parle de politique monétaire restrictive.
Les banques centrales peuvent également influencer la création monétaire en faisant varier le taux de réserves obligatoires qu'elles imposent aux banques: c'est-à-dire le pourcentage de tous les dépôts de leurs clients qu'elles doivent posséder en fonds propres et déposer sur le compte à la banque centrale. Ces réserves obligatoires sont également une sécurité dans le cas où de nombreux épargnants viendraient à réclamer leur épargne au même moment.